Le naufrage du vraquier japonais Wakashio, le 25 juillet sur un récif à Pointe d’Esny, au sud-est de l’île continue à faire des vagues. Depuis quelques jours, des manifestations monstres animent la capitale de l’île. Samedi 29 août dernier, entre 50 000 et 75 000 personnes, selon les estimations des organisateurs et de la presse locale, ont pris d’assaut en fin de matinée la place de la cathédrale, pour dénoncer les responsabilités des autorités mauriciennes. Les manifestants pointent du doigt la gestion par le gouvernement de la marée noire.
Vetus majoritairement de noir, les manifestants, rassemblant toutes les composantes de la société mauricienne dont beaucoup de femmes et de jeunes ont défilé pour exprimer leur mécontentement face à aux graves conséquences écologiques et économiques. L’évènement est d’une ampleur inédite. La conscience écologique et citoyenne mauricienne est admirable. Selon les citoyens interrogés sur place, jamais aucun rassemblement n’avait réuni autant de monde sur l’île depuis le meeting ayant suivi la victoire de l’opposition aux législatives de 1982. Les manifestants ont appelé Pravind Jugnauth à la démission, avec le slogan en créole « Lév paké aller » (« quitte le pouvoir »).
Plus largement, les manifestants ont aussi dénoncé la corruption, les inégalités sociales, la mainmise sur le pouvoir de certaines familles. Le Wakashio qui s’est brisé en deux a laissé échapper au moins 1 000 tonnes de fioul qui ont souillé la côte – notamment des espaces protégés abritant des forêts de mangrove et des espèces menacées – et les eaux cristallines prisées des touristes.