Mon père est décédé en 2018. Ce fut un tsunami. Comment me « libérer » de son absence ?
2020 c’est le « lockdown ». Vous savez, ce moment où tout s’est arrêté : finis les trajets pour travailler, finis les trajets pour l’éducation scolaire, finis les trajets du parascolaire, finis les trajets pour voyager, finis les trajets pour les réunions familiales, fini, tout s’arrête.
Et ce fut le commencement.
Prendre le temps de s’informer, prendre le temps d’assimiler, prendre le temps d’actionner.
De 2020 à 2021, grâce à l’accompagnement de l’association « INSTITUT DU MONDE REUNIONNAIS (WWW.IMR.RE), je me lance dans l’aventure indienne et j’obtiens mon passeport O.C.I. (Overseas Citizen of India) en janvier 2022.
Une chance.
Imaginez…
Je suis indienne par mon père (une grand-mère indo-mauricienne) et par ma mère (les 2 grands-parents). Ce fut comme un appel. 5 générations s’étaient établies à la Réunion depuis 1880, depuis les premiers contrats d’engagement.
J’aime à dire que ce furent les premiers contrats d’expatriation : ils allaient travailler sur un territoire étranger (en France), pour une période donnée (5 ans) avec, en contrepartie, un salaire et des avantages (hébergement, restauration, culte…). Comme dans tout contrat, certaines clauses furent « détournées » : le gite et le couvert n’étaient pas « gratuits », et la facture leur fut présentée au bout des 5 premières années. La plupart se retrouvaient « endettés » et à devoir travailler encore 5 ans pour rembourser. La sagesse les a amenés à s’installer sur l’Ile.
J’aime à penser que leurs pensées, leurs émotions, leur cœur, leurs croyances, les renvoyaient, très souvent, et de plus en plus, au fur et à mesure que le temps s’écoulait (les générations), à ce pays natal, loin, cher, périlleux et à jamais dans leur histoire, leur conscience : l’INDE, « the Mother of the Création ».
Dès avril 2022, dès la réouverture des frontières internationales, j’ai franchi le pas, que dis-je, le vol. Je me suis envolée pour VARANASI.
VARANASI c’est là où tout « s’arrête », là où le rituel de la crémation (corps brûlé et cendres versées dans le Gange) libère l’âme et arrête le cycle des réincarnations. Selon les écrits religieux indiens.
VARANASI, il faut s’y plonger, se laisser porter, suivre les mouvements : rien n’est permanent. Ah si, les prières, la mort, les corps enguirlandés, embaumés : C’est, tout à la fois temporaire (vous pouvez croiser une procession et répéter sans le vouloir « Jai Ram, Jai Ram », au détour d’une bangali tola) et en même temps réassister plusieurs fois aux mêmes sons, mêmes visages, même ferveur….
VARANASI c’est l’INDE dans son entièreté, dans toutes ses régions, ses rituels, ses dialectes.
« l’Inde c’est 5 fois la France » me dit mon guide. OK.
Pourquoi faire le tour de l’Inde quand tout est là ? « Nous sommes tous déjà étrangers entre nous, d’un quai (ghat) à l’autre », me dit un autre indien. Parler l’anglais ? Le français ? Que diriez-vous de chaque dialecte – langage que doit maîtriser chaque brahmane ? Et des coutumes / rituels de chaque Etat ?
Les 18 Etats sont tous présents, tout au long du Gange, tout au long des ghats, chacun avec ses coutumes, son peuple, ses castes et ses traditions : Il est en effet très important que le rituel soit effectué dans le pur respect des écrits.
VARANASI c’est « une ville de sentiments, pas de bâtiments ». L’érosion, les crues annuelles des moussons ronge lentement les constructions. Les vaches, les boucs, les chiens cohabitent avec les singes et les hommes. Alors, que dira votre cœur ? « j’aime…j’aime pas » ?
Le mieux c’est de le vivre. Moi, je continue à le vivre. J’y suis retournée en décembre 2022, puis en novembre 2023. Je souhaite y retourner cette année. Ça y est, mon âme est connectée, mes ancêtres sont heureux.
Parce que, VARANASI, c’est là où tout commence…
Liliane
NB : quelques photos en pièces jointes. Site www.lili-matching.com