Le 7 août dernier, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), Zhang Chaolin un couturier chinois avait trouvé la mort après une agression violente. Ce fait-divers a mis en émois la communauté chinoise établie en France. Ce dimanche 4 septembre, près de 50 000 personnes ont battu le pavé pour revendiquer une protection et une aide concrète émanant des pouvoirs publics et pour « lutter contre les préjugés ». Les manifestants se sont drapés de tee-shirts blancs et de fanions bleu-blanc-rouge. Cette mobilisation est massive et inédite. En effet, la communauté chinoise est d’habitude discrète. Elle a rarement l’habitude de revendiquer dans la rue.
Cette manifestation a un écho particulier à La Réunion, où la présence chinoise date de près de 150 ans déjà. Les préoccupations métropolitaines sont identiques mais moins fortes au sein de la communauté chinoise locale. Aujourd’hui, la grande majorité des descendants de Chinois ou Réunionnais d’origine chinoise ont perdu l’essentiel des éléments culturels de leurs ancêtres et ne parlent plus le cantonais ou le hakka. Ils ont fondu dans le moule créole.
Historiquement, l’immigration chinoise a été alimentée par deux courants : l’immigration contractuelle – qui a commencé quelques années avant l’abolition de l’esclavage (1848) à la Réunion – et l’immigration dite “libre” des Chinois qui a débuté après la promulgation, en 1862, d’un décret permettant à tout étranger de s’engager librement comme travailleur à la Réunion.
Aujourd’hui, la communauté « sinoi » est parfaitement intégrée dans la population locale même si comme le plus souvent, les relents de racisme surviennent par à-coups. La communauté est estimée aujourd’hui à peu près 20 000 à 30 000 âmes même si les échanges migratoires fréquents entre Maurice, la Réunion, les Seychelles et Madagascar ne permettent pas d’évaluer avec précision leurs effectifs.
Même s’ils forment une minorité au sein de la société pluriethnique réunionnaise, les Chinois sont dans leur immense majorité des citoyens français et participent de manière active à la vie sociale, culturelle, politique et économique de l’île. La population chinoise actuelle est presque exclusivement composée des générations nées sur place, à la Réunion, auxquels s’ajoutent quelques survivants de la génération des premiers immigrants. La population chinoise actuelle, sous l’influence de la société réunionnaise, a largement adopté les éléments du mode de vie local.