Nous sommes le 27 avril 1848. La seconde abolition de l’esclavage est décrétée à Paris sous l’impulsion du nouveau secrétaire d’État aux Colonies, Victor Schoelcher. Le 20 décembre 1848, elle est promulguée à Saint-Denis par le commissaire général de la République Joseph Sarda-Garriga.
Grassement indemnisés, les colons réunionnais ne voient pas d’un très bon œil la désertion des nouveaux affranchis. Les esclaves nouvellement affranchis refusent désormais de travailler sous l’autorité des anciens maîtres, qui les ont exploités sous la plus barbare des servitudes, dans les gigantesques plantations sucrières, agricoles et industrielles, qui s’étendent sur les planèzes de l’Est et du Sud de l’île. Beaucoup fuient et s’installent aux lisières des villes ou dans les cirques intérieurs dans l’espoir de regagner leurs droits naturels et de retrouver leur dignité.
Rapidement, ces hameaux insalubres deviennent des ghettos. Les marmailles, abandonnés à leur triste sort, erraient à travers la ville. Le vagabondage, durement réprimé, constituait une cause majeure des condamnations de mineurs. Ainsi, à l’issue de procès bien souvent inéquitables et expéditifs, beaucoup d’enfants seront lourdement condamnés. Car à l’époque un enfant pouvait être jugé à partir de 7 ans.
Le pénitencier de l’îlet à Guillaume a été créé par décret le 6 juin 1865, car jusque-là les enfants étaient dans les prisons pour adultes. Des établissements pour mineurs avaient été créés à La Réunion. La Congrégation des Pères du Saint Esprit était propriétaire de l’énorme domaine de La Providence où il y avait déjà un pénitencier. Beaucoup d’enfants ont été internés dans la prison de La Providence. Selon le registre officiel, le motif d’emprisonnement était pour la majorité le vagabondage. Aujourd’hui, l’esprit et la mémoire de ces enfants hantent encore les bâtiments à l’abandon, inscrits au titre des Monuments historiques par le préfet de La Réunion Pierre-Henry Maccioni le 9 janvier 2008.