Le 4 décembre 2024, le cinéma réunionnais marquera un tournant historique avec la sortie en salles de Marmaille, le premier long-métrage de Grégory Lucilly, dans tout l’Hexagone. Entièrement tourné en créole sur l’île de La Réunion, ce film offre un regard authentique sur la jeunesse réunionnaise, capturant avec émotion et intensité le parcours de deux adolescents en quête d’un avenir meilleur. Après une avant-première triomphale au Ciné UGC de Paris, dans le cadre du Festival CinéBanlieue, le film a déjà suscité de nombreux applaudissements, promettant un bel accueil du public français.
Une première pour le cinéma réunionnais dans l’Hexagone
Marmaille est le premier film réunionnais à bénéficier d’une sortie sur grand écran dans les salles françaises. Ce long-métrage, porté par un casting majoritairement composé de jeunes talents locaux, incarne une véritable reconnaissance pour le cinéma insulaire. Le réalisateur Grégory Lucilly, qui a travaillé sans relâche pendant quatre ans pour concrétiser ce projet, a insisté pour tourner le film en créole afin de préserver l’authenticité des dialogues et des situations. Cette démarche, pourtant un obstacle pour convaincre les producteurs au départ, a finalement permis de donner vie à une œuvre ancrée dans la culture réunionnaise.
Le réalisateur explique que le créole, sous-titré en français pour les non-locuteurs, ne constitue pas une barrière, mais au contraire un pont vers une immersion totale dans l’univers de Marmaille. Le film raconte le quotidien de deux adolescents issus de milieux défavorisés qui, malgré des obstacles apparemment insurmontables, cherchent à s’en sortir par leurs propres moyens.
Un casting audacieux pour un film ancré dans la réalité réunionnaise
Les acteurs principaux, Maxime Calicharane et Brillana Domitile Clain, sont des talents non-professionnels découverts directement sur l’île. Maxime, repéré lors d’une battle de breakdance à Saint-André, et Brillana, recommandée par une enseignante, incarnent leurs rôles avec une sincérité et une intensité rares. Leur complicité à l’écran est palpable, notamment grâce à des répétitions intensives menées à distance, puisque Maxime étudiait à Sciences Po Paris au moment du tournage.
Les scènes emblématiques du film, comme le pique-nique familial au bord d’une rivière ou la spectaculaire battle de breakdance finale, ont été filmées dans des lieux symboliques de l’île comme Saint-Leu et l’Entre-Deux. Cette approche réaliste a permis de capturer la beauté brute des paysages réunionnais tout en abordant des problématiques sociales bien réelles.
Une histoire née d’une réalité sociale poignante
Pour Grégory Lucilly, Marmaille est plus qu’un film ; c’est un témoignage de la réalité sociale à La Réunion. Inspiré par son expérience au sein de l’Aide Sociale à l’Enfance à Saint-Leu, le réalisateur s’est lancé dans ce projet après avoir été frappé par le nombre croissant d’enfants livrés à eux-mêmes. Ces récits poignants de jeunes abandonnés ont été le terreau de l’intrigue du film, qui suit un adolescent confronté à ces dures réalités.
Avec un budget de 3,4 millions d’euros, le film a été financé par des fonds publics et des partenaires privés, permettant ainsi au réalisateur de mener à bien son projet tout en conservant sa liberté artistique.
Une bande-son envoûtante portée par le maloya
En plus de ses performances visuelles, Marmaille se distingue par sa bande-son originale, composée essentiellement de maloya, une musique traditionnelle réunionnaise née de l’histoire de l’esclavage sur l’île. Ce choix artistique n’est pas anodin : il vise à faire découvrir aux spectateurs de l’Hexagone ce patrimoine musical unique, tout en ajoutant une profondeur émotionnelle au récit.
Le réalisateur espère que Marmaille séduira un large public en métropole, en portant un message universel d’espoir, de résilience et d’identité. « Bien que le film soit ancré dans la culture réunionnaise, ses thèmes touchent à l’humanité tout entière », déclare Grégory Lucilly.
Une sortie nationale attendue avec impatience
Avec cette première diffusion en métropole, Marmaille pourrait bien ouvrir la voie à d’autres réalisations réunionnaises, favorisant une reconnaissance accrue du cinéma ultramarin en France. Grégory Lucilly espère ainsi inspirer de nouveaux cinéastes à explorer les histoires et les cultures des Outre-mers.