Au fond, Sylvia Otelo ne voulait pas être célèbre. Après le buzz monstrueux occasionné par sa vidéo, la mère de famille est devenue une star. A posteriori, la femme a quelque peu montré sa colère sur les réseaux sociaux en expliquant que les médias voulaient juste faire du buzz. Néanmoins, la leçon administrée n’est pas restée que dans la sphère médiatique réunionnaise. Les grands médias francophones se sont emparés du sujet pour amplifier, à leur tour, le buzz. BFMTV, M6, Le Parisien, 20minutes.fr, L’Express, Le Progrès… ont relayé l’information et la vidéo. Bien malgré elle, Sylvia Otelo est devenue une star.
Placée en garde à vue, elle sera jugée le 17 février 2017 dans le cadre d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) pour des faits de violences avec arme sans ITT et enregistrement et diffusion d’images relatives à la commission d’une atteinte volontaire à l’intégrité de la personne. A sa sortie de garde à vue, Sylvia a été accueillie comme une Rockstar. Elle a reçu le soutien de nombreux Réunionnais, aussi bien sur les réseaux sociaux que sur terrain. Un comité de soutien l’avait accueilli au sortir de cette garde à vue, ce mardi 4 octobre. La foule s’est amassée devant le cinéma Rex peu avant 20 h, la mère de famille a expliqué que « tout domoun va komans tap zot marmay ».
Cette affaire est une occasion de parler de nouveau des dangers d’internet. Un compte personnel sur les réseaux sociaux est un espace personnel et intime que certains oublient parfois. Il recèle des informations qui permettent d’identifier la personne. Dans cette même foulée, le droit à l’image est fondamental. Il est impératif de le protéger jalousement. Ainsi, il faut y réfléchir à deux fois avant de publier des photos ou vidéos. Car il est impossible d’avoir un contrôle total sur celles-ci dès lors qu’elles sont publiées sur internet. Aussitôt mises en ligne, d’autres personnes peuvent les télécharger, les modifier ou les transmettre. Les conséquences sont parfois désastreuses. Sylvia Otelo l’a bien apprise à ses dépens.
Décidément la dame qui a fouetté délicatement les jambes de son fils remue ciel et terre. Le juge, tout remué et obnubilé par la video qui a eu un succès incroyable; s’est empressé de la mettre en garde à vue, c’est-à-dire au cachot pendant 24 heures pour mieux éplucher l’affaire, un juge apparemment converti au credo de mai 68 : “il est interdit d’interdire”. Une violence autrement plus violente que celle qu’a subie le jeune homme, tout proche d’être majeur. Que l’on aille visiter le petit local et on se rendra compte que le cachot du juge est à peu près le même que celui qu’on pouvait apprécier au temps de l’esclavage. Et dans le sillage de la première sentence du juge – car c’en est une, ne nous voilons pas la face – on trouve des commentaires qui dépassent l’entendement. La dame, aux yeux de beaucoup, est le sosie de la Thénardier qui a malmené Cosette. Pour peu, c’est la peine capitale qu’on lui infligerait, la suprême violence.
Et pourtant la sagesse populaire clame son bon credo : “qui bene amat, bene castigat”. Oui, bien châtier ne devrait pas faire rugir le commun des mortels. Bien châtier une faute grave – et non vénielle – c’est corriger avec modération, sans blesser, sans vociférer, calmement, et au besoin, ajouter à l’enfant rebelle et entêté : “plus tard tu comprendras, plus tard, tu me remercieras de t’avoir remis dans le bon chemin”. Ce écrivant, je crois voir des doigts se lever ici et là; et je crois entendre : “C’est ce qui m’est arrivé quand j’étais un petit rebelle”.
Les soixante-huitards devraient comprendre qu’il y a des degrés dans la violence, que donner un petit soufflet du revers de la main n’est pas donner le rude coup de poing du boxeur. Il y a violence et violence. Et se faire douce violence, c’est ce qu’on s’administre à soi-même, par exemple, quand on consomme une grosse part de gâteau alors qu’on a la belle silhouette du tonneau.
Attendons de savoir de quelle cuvée sera le juge qui donnera … l’estocade finale !
http://www.courriers-reunion.fr/Accueil.html