Le projet d’émancipation de La Rivière, qui souhaite se séparer administrativement de la commune de Saint-Louis, suscite de nombreuses interrogations. En effet, après des années de revendications, le collectif « La Rivière, 25e commune » continue de plaider pour la création d’une commune autonome. L’annonce d’une nouvelle étude de faisabilité et d’une consultation publique, lancée par Madame le Maire lors du conseil municipal du 1er octobre 2024, relance le débat. Cette initiative, bien qu’attendue depuis longtemps, soulève des questions sur sa sincérité et sur les véritables motivations derrière cette démarche.
Pourquoi La Rivière veut-elle se séparer de Saint-Louis ?
La Rivière est un territoire éloigné du centre de Saint-Louis et qui souffre d’un sentiment de marginalisation. Les habitants estiment que leurs besoins spécifiques, notamment en matière de services publics, d’infrastructures et de gestion locale, ne sont pas suffisamment pris en compte par la commune de Saint-Louis. La volonté de créer une commune autonome est donc motivée par un désir de meilleure gestion locale et d’un développement plus adapté aux réalités de la population locale.
Le projet d’émancipation de La Rivière n’est pas nouveau. En 2009, une consultation avait montré que la majorité des habitants soutenait l’idée d’une séparation. De plus, des études de faisabilité réalisées par des cabinets d’experts, comme FIDOCOREX en 1999 et GARCIA en 2006, avaient démontré que la création de la commune était économiquement viable. Cependant, ce projet a été repoussé à plusieurs reprises, notamment en 2017, lorsque la majorité en place à Saint-Louis avait enterré l’initiative. Aujourd’hui, la question se pose : pourquoi relancer ce projet maintenant, alors que la situation semblait déjà claire depuis plusieurs années ?
Le doute sur la sincérité du projet
De nombreux habitants de La Rivière se demandent si cette nouvelle étude de faisabilité n’est pas une manœuvre politique, à quelques années des élections municipales de 2026. En effet, la relance du projet pourrait être perçue comme une tentative de répondre aux attentes populaires. à des fins électoralistes. Le collectif « La Rivière, 25e commune » réclame des actions concrètes et un engagement ferme de la part des autorités locales. Pour eux, une simple consultation publique ne suffira pas à convaincre les habitants de la sincérité de la démarche.
La question de la dépense publique est également soulevée. Pourquoi relancer une étude de faisabilité alors que des analyses précédentes ont déjà montré la viabilité du projet ? Pourquoi encore consulter la population sur un sujet qui a déjà fait l’objet de nombreuses consultations ? Ces dépenses supplémentaires, dans un contexte où la gestion financière des communes est souvent mise en question, semblent difficiles à justifier.
Un geste fort pour convaincre
Pour gagner la confiance des habitants de La Rivière, il serait nécessaire de poser un acte fort : un vote par le conseil municipal demandeur au préfet de La Réunion de signer l’arrêté de création de la commune. Ce geste marquerait une vraie volonté politique de concrétiser ce projet, et non de le laisser dans l’incertitude. En outre, il serait crucial de consulter les personnels techniques et administratifs avant de prendre toute décision, afin d’assurer la bonne gestion des services publics dans la future commune.
La Rivière et Saint-Gilles : des projets parallèles
Le projet d’émancipation de La Rivière, bien qu’indépendant, trouve un écho dans le projet similaire de Saint-Gilles, qui veut se séparer de la commune de Saint-Paul. À Saint-Gilles, la séparation est également portée par la volonté de mieux gérer un territoire en pleine expansion, notamment sur le plan touristique, et de répondre aux besoins spécifiques de cette zone. Comme pour La Rivière, la question de l’autonomie locale et de la gestion des ressources est au cœur du débat.
Les deux projets partagent des motivations communes : un désir d’indépendance administrative pour mieux répondre aux enjeux locaux, qu’ils soient économiques, sociaux ou urbains. Bien que les contextes soient différents, la logique qui sous-tend ces demandes est similaire : une gestion plus proche des réalités des habitants et une réponse plus rapide et plus ciblée à leurs besoins spécifiques.
Si ces projets de séparation de Saint-Paul et Saint-Louis aboutissent, ils pourraient marquer un tournant dans la manière dont les communes de La Réunion sont structurées. L’autonomie permet de mieux répondre aux besoins locaux, tout en préservant l’identité propre de chaque territoire. Toutefois, pour que ces projets se concrétisent, il faudra surmonter les obstacles administratifs, financiers et politiques qui se dressent sur leur chemin.
Crédit Photos : Office du Tourisme de l’ouest