Le titre est provocateur mais cette question mérite d’être posée en marge du Salon régional de la jeunesse. La jeunesse a été toujours une priorité nationale mais les actes vont rarement dans le sens de ce discours.
A l’approche des joutes électorales, les candidats vont faire leur maximum pour gagner le cœur de cet électorat nombreux : les jeunes.
Exode
Le contexte actuel ne préfigure pas d’embellie pour la jeunesse. La Réunion est particulièrement sensible aux tensions socio-économiques récurrentes. Sur ce territoire, de nombreux jeunes, tous milieux confondus, rencontrent des difficultés d’insertion socioprofessionnelle liées à un niveau de qualification insuffisant et à un taux de chômage élevé. Les meilleurs éléments choisissent plutôt l’exode en Métropole pour leurs études et leurs carrières professionnelles que de rester sur l’île. Un internaute a réagi sur notre article concernant le taux de réussite en licence en berne dans l’université de La Réunion. Pour Gérard Jeanneau « (…) l’université de La Réunion aurait un meilleur classement. Seulement les bacheliers, titulaires d’une belle mention, rejoignent en grand nombre la Métropole pour suivre des cours dans les diverses écoles supérieures : leurs portes s’ouvrent pour eux, grâce au calendrier ajusté à celui de la Métropole ». Ce sont autant d’atouts qui quittent le territoire et font le bonheur des entreprises en Hexagone. Une force vive qui aurait pu profiter au département.
Question centrale
Le chômage est l’un des fléaux qui touchent cette jeunesse réunionnaise déboussolée. Même si en 2015, les taux de chômage des jeunes a reculé de 2 points, il reste très élevé. 21 200 Réunionnais âgés de 15 à 24 ans sont chômeurs au sens du BIT. « Cette difficulté des jeunes renvoie à la question centrale de la qualification sur un territoire où près de 50 % des enfants et adolescents de 0 à 17 ans vivent avec un parent non diplômé, un taux supérieur à celui de la Guadeloupe ou de la Martinique (Depp, 2014). Le décrochage scolaire y est aussi plus précoce qu’en métropole : un quart des jeunes réunionnais de 20 à 24 ans qui ont quitté le système scolaire n’ont que le niveau primaire, contre 14 % en métropole et 12 % des 18-29 ans demeurent en situation d’illettrisme, un chiffre qui est même en hausse selon l’Insee », souligne Stéphanie Morel et Sarah Marie dans le document « La jeunesse à La Réunion, une mise en prospective ». La situation de la jeunesse réunionnaise met en exergue les fossés qui continuent à se creuser entre les autres départements et La Réunion et surtout entre les réunionnais eux-mêmes. « Les environnements familiaux, sociaux, communautaires, mais aussi territoriaux constituent autant de vecteurs d’inégalités et de clivages sur l’île, et ils éclatent la jeunesse réunionnaise en une mosaïque de conditions et de trajectoires différenciées » expliquent ces auteures.
Trajectoire
Que faire donc pour renverser la vapeur ? L’accompagnement, le développement des formations et la mise en place d’une politique volontariste à l’égard des jeunes sont primordiaux. L’autonomisation est vitale pour que la jeunesse ne suit pas la trajectoire de quelques aînés, c’est-à-dire dépendre du RSA. Les incubateurs d’idées doivent être encouragés car l’entrepreneuriat est une voie crédible pour s’en sortir. Espérons que la 4ème édition du Salon Orientation Formation Professionnelle, Apprentissage et Mobilité qui se tient à la Nordev depuis ce jeudi 1er décembre jusqu’à ce dimanche 3 décembre apportera les réponses idoines. Même si – soulignons-le – La Réunion a été toujours créative en matière de politique pour la jeunesse. Citons par exemple les mini-entreprises du lycée professionnel Léon de Lépervanche (Le Port) qui démontrent que l’esprit d’entreprise peut contribuer à la fois à donner du sens aux enseignements scolaires et à valoriser des élèves, notamment ceux en situation de décrochage. Il est essentiel de noter que ce sont les acteurs eux-mêmes qui doivent êtres les initiateurs du changement qu’ils souhaitent.
Crédit photo : Miwok