Le cyclone Chido a bouleversé Mayotte, causant 39 décès, des milliers de blessés, et laissant derrière lui des dégâts matériels considérables. En réponse à cette catastrophe, l’État français a organisé l’évacuation de certains fonctionnaires, déclenchant une vive polémique au sein de la population mahoraise. Entre désespoir des fonctionnaires et critiques des habitants, ce drame met en lumière les tensions profondes sur l’île.
Une évacuation sous tension
Sophie, fonctionnaire d’une collectivité territoriale, a vu sa vie bouleversée par le cyclone. Son appartement a été ravagé, ses biens détruits, et elle a vécu trois heures d’angoisse intense durant la tempête. L’évacuation orchestrée par l’État a permis à des agents comme Sophie de quitter temporairement l’île, mais ce départ a suscité des accusations de “lâcheté” de la part de certains Mahorais.
Sur les réseaux sociaux et dans des groupes de discussion, les critiques se sont multipliées. Des messages qualifiant les fonctionnaires de “fuyards” ont circulé, exacerbant un clivage déjà présent entre les habitants locaux et les agents métropolitains.
Des besoins urgents sur place
Le cyclone a gravement affecté les infrastructures locales. De nombreuses écoles sont inutilisables, certaines servant de centres d’hébergement pour les sinistrés. Dans ce contexte, la demande de soutien des fonctionnaires est particulièrement forte. “On n’a jamais eu autant besoin d’eux”, déclare Zena Abdiladi Halidani, cadre hospitalière à Mamoudzou.
Certaines critiques se sont même teintées d’amertume face à un supposé favoritisme dans les évacuations. Une habitante de Mayotte a dénoncé une inégalité de traitement, affirmant que seuls certains profils semblaient prioritaires pour quitter l’île.
Les fonctionnaires défendent leur départ
Face à ces accusations, plusieurs fonctionnaires ont expliqué leur décision. Une enseignante, mère d’un nouveau-né, a déclaré : “Je protège juste ma fille. Nous n’avions plus d’eau ni d’électricité.” D’autres, comme Delphine Petit, en poste depuis neuf ans, ont souligné leur implication avant de quitter l’île. “J’ai laissé ma maison à des sinistrés et aidé mon voisinage. Je ne me sens pas coupable”, confie-t-elle.
Un clivage ancien ravivé par Chido
Cette polémique reflète un clivage historique entre les Mahorais et les fonctionnaires venus de métropole. Le cyclone Chido a exacerbé ces tensions, transformant un besoin d’entraide en une confrontation amère. Si certains fonctionnaires prévoient de revenir à Mayotte, d’autres s’interrogent sur leur avenir sur l’île.
En parallèle, l’absence de réponse claire du gouvernement sur la gestion des fonctionnaires et des sinistrés alimente la frustration des habitants. Les défis pour reconstruire Mayotte, aussi bien sur le plan matériel que social, s’annoncent immenses.