« Mais qui porte donc la culotte dans le foyer ? » Cette fameuse ritournelle est vécue, parfois, comme une honte ou une humiliation pour un père de famille en désarroi. Dans l’imagerie créole, l’expression « fomn commande pas le zomn » était répandue et la situation perçue comme étant naturelle. Mais en plein 21ème siècle cette approche a-t-elle encore toute sa signification ? L’évolution des mœurs ainsi que la globalisation ont entraîné dans leur sillage la libération des femmes avec une génération qui veut assurément aller de l’avant et qui est prête à se battre pour atteindre ses objectifs.
Dans les foyers réunionnais, de plus en plus de femmes prennent le pouvoir. Elles font figure d’autorité et instaure une certaine discipline. Pour faire simple, elles commandent. Ces femmes sont les garantes d’un bon équilibre familial. Souvent, elles sont mêmes garantes d’un revenu stable dans sous les chaumières. L’image du bon père de famille a bien changé depuis bien longtemps où, il faisait figure d’autorité et la mère était celle de la compassion avec les tâches ménagères.
Cette émancipation et cette évolution est d’abord le fruit de l’éducation et aussi des filets sociaux mis en place par l’Etat. Avec les minima sociaux, les femmes n’ont plus tellement besoin d’un « pied de riz ». Même si la présence paternelle est vitale pour l’émancipation d’un enfant, lorsque les femmes et les jeunes filles ont un revenu, elles réinvestissent en moyenne 90 % de ce revenu dans leur famille pour permettre à leurs enfants d’aller à l’école. Tandis que pour les hommes ce taux n’atteint pas plus de 40 %. Il n’y a pas besoin de ces chiffres émanant de la Banque Mondiale pour constater cette réalité dans la société réunionnaise.
Pour l’anecdote, le rapport intitulé « Où est l’argent pour les droits des femmes ? », présenté, jeudi 15 septembre, à la ministre des droits des femmes, Laurence Rossignol déplore qu’en France le budget de l’Etat, les dépenses relatives à ce sujet « ont très peu varié dans le temps et restent faibles ». Selon les auteurs du rapport, en 2016, tous ministères confondus, l’Etat a consacré seulement 0,05 % de son budget à l’égalité femmes-hommes, soit 221,2 millions d’euros.