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Emploi des jeunes à La Réunion : une génération sacrifié ou espoir d’un avenir meilleur ?

UNE JEUNESSE FACE AU MUR

A la Réunion, la question de l’insertion professionnelle des jeunes devient un véritable enjeu de société. Malgré un dynamisme apparent et une volonté affirmé de réussir près de 47% des 15 à 29 ans sont aujourd’hui sans emploi (selon l’observatoire régional de la santé), une donnée alarmante qui illustre bien la difficulté croissante de cette génération à trouver sa place sur le marché du travail. Derrière ces statistiques des milliers de jeunes diplômés, des apprentis en quête d’expériences ainsi que des travailleurs qui peinent à accéder à un emploi stable.

La situation est d’autant plus préoccupante que le marché du travail réunionnais est marqué par une saturation inquiétante. Chaque années des milliers de jeunes arrivent sur le marché de l’emploi avec l’espoir de trouvé une opportunité correspondant à leurs compétences et aspirations professionnels. Mais la réalité est tout autres : les offres sont rares, la concurrence est féroce, est l’expérience est souvent exigée même pour des des postes débutant. Cette pression pousse nombre d’entre eux à accepter des emplois sous-qualifiés, mal rémunérés, ou à multiplier les missions temporaires sans réelle perspective d’évolution.

Le contexte économique de l’île n’arrange rien. L’économie réunionnaise repose principalement sur quelques secteurs-clés comme le BTP, le tourisme et le secteur public. Si ces domaines offrent encore des débouchés, ils restent insuffisants pour absorber l’ensemble des jeunes actifs. Le numérique, pourtant en plein essor ailleurs, peine à s’imposer comme une alternative solide, et l’industrie reste quasi inexistante. Ce manque de diversification limite fortement les perspectives d’embauche, forçant certains jeunes à envisager un départ vers la métropole, faute de solutions locales adaptées.

Mais au-delà du simple manque d’opportunités, le décalage entre les formations suivies et les besoins du marché constitue un obstacle majeur. De nombreux étudiants s’orientent vers des filières saturées, comme le droit, la communication ou la gestion, où la demande est largement inférieure à l’offre. Pendant ce temps, des secteurs en tension comme l’hôtellerie, l’artisanat ou les métiers du bâtiment peinent à recruter, faute de jeunes formés et motivés pour s’y engager.

ENTRE FRUSTRATION ET RÉSILIENCE

Si beaucoup de jeunes se heurtent à des portes closes, d’autres à force de refus choisissent la solution de quitter l’île afin d’avoir de plus grandes chance d’opportunités ailleurs, entre 2015 et 2019, chaque année en moyenne, 3 400 jeunes quittaient La Réunion pour s’installer en métropole, tandis que 1 300 jeunes faisaient le trajet inverse. Ainsi, le solde migratoire annuel était d’environ -2 100 personnes. Parmi ceux qui partaient, 2 300 étaient des étudiants majeurs cherchant à se former en métropole. ( selon réunionnais du monde)

Quelles solutions pour un avenir meilleur ?

Malgré ce constat alarmant, des pistes existent pour inverser la tendance. Certains secteurs, bien que moins prisés, offrent encore de nombreuses opportunités. Les métiers du bâtiment, de la santé, de la restauration et du numérique manquent de main-d’œuvre qualifiée et pourraient constituer des débouchés intéressants pour les jeunes prêts à s’y investir.

Par ailleurs, plusieurs dispositifs sont mis en place pour accompagner les jeunes vers l’emploi. Les contrats aidés, comme les PEC (Parcours Emploi Compétences) ou les CIE (Contrats Initiative Emploi), facilitent l’embauche des jeunes en entreprise, mais restent encore insuffisamment exploités. Les formations financées par la Région permettent également d’acquérir des compétences adaptées au marché local, à condition de bien les orienter vers les secteurs réellement porteurs.

L’entrepreneuriat représente également une alternative prometteuse. Créer son propre emploi peut être une solution, mais cela nécessite un accompagnement et un soutien financier. Des structures comme Initiative Réunion, la BGE ou l’ADIE proposent des aides pour les jeunes souhaitant se lancer, mais ces dispositifs restent encore méconnus et parfois complexes à mobiliser.

Enfin, une évolution plus profonde est nécessaire. Il est impératif que les formations soient mieux adaptées aux besoins réels du marché du travail. Une meilleure coordination entre les établissements d’enseignement, les entreprises et les institutions publiques permettrait d’éviter les filières saturées et de diriger les jeunes vers des secteurs où les débouchés sont réels. De même, un changement de mentalité dans les pratiques de recrutement, en favorisant les compétences et la motivation plutôt que le réseau et l’expérience préalable, pourrait ouvrir de nouvelles perspectives aux jeunes en recherche d’opportunités.

Quelle voie pour la jeunesse réunionnaise ?

L’emploi des jeunes à La Réunion demeure une problématique complexe, qui ne peut être résolue sans une action collective. Si les difficultés sont nombreuses, elles ne doivent pas pour autant condamner toute une génération à l’inactivité ou à l’exil. L’avenir repose sur une meilleure adaptation des formations aux réalités du marché, sur une politique de soutien renforcée à l’entrepreneuriat et sur une volonté accrue d’ouvrir des perspectives dans des secteurs émergents.

Mais la question essentielle reste en suspens : La Réunion saura-t-elle se réinventer pour offrir un avenir à sa jeunesse, ou assistera-t-on à une fuite progressive des talents vers d’autres horizons ?

Et vous, quelles solutions imaginez-vous pour améliorer l’emploi des jeunes à La Réunion ? Partagez vos réflexions en commentaire !

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