Ce mardi 18 juin 2024, plus de 543 000 candidats au baccalauréat général et technologique se sont confrontés aux épreuves de philosophie, marquant le début des épreuves écrites finales. Cette année, les sujets abordent des thèmes contemporains et profonds, tels que le rôle de l’État et la relation entre science et vérité.
Les candidats de la série générale ont eu l’opportunité de choisir entre deux dissertations et une explication de texte. Parmi les sujets proposés figurent “La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ?” et “L’État nous doit-il quelque chose ?”, ainsi qu’un texte de Simone Weil, “La Condition ouvrière” (1943), pour l’explication de texte :
La Condition ouvrière (1943) de Simone Weil
“Toute action humaine exige un mobile qui fournisse l’énergie nécessaire pour l’accomplir, et elle est bonne ou mauvaise selon que le mobile est élevé ou bas. Pour se plier à la passivité épuisante qu’exige l’usine, il faut chercher des mobiles en soi-même, car il n’y a pas de fouets, pas de chaînes ; des fouets, des chaînes rendraient peut-être la transformation plus facile. Les conditions même du travail empêchent que puissent intervenir d’autres mobiles que la crainte des réprimandes et du renvoi, le désir avide d’accumuler des sous, et, dans une certaine mesure, le goût des records de vitesse. Tout concourt pour rappeler ces mobiles à la pensée et les transformer en obsessions ; il n’est jamais fait appel à rien de plus élevé ; d’ailleurs ils doivent devenir obsédants pour être assez efficaces. En même temps que ces mobiles occupent l’âme, la pensée se rétracte sur un point du temps pour éviter la souffrance, et la conscience s’éteint autant que les nécessités du travail le permettent. Une force presque irrésistible, comparable à la pesanteur, empêche alors de sentir la présence d’autres êtres humains qui peinent eux aussi tout près ; il est presque impossible de ne pas devenir indifférent et brutal comme le système dans lequel on est pris ; et réciproquement la brutalité du système est reflétée et rendue sensible par les gestes, les regards, les paroles de ceux qu’on a autour de soi. Après une journée ainsi passée, un ouvrier n’a qu’une plainte, plainte qui ne parvient pas aux oreilles des hommes étrangers à cette condition et ne leur dirait rien si elle y parvenait ; il a trouvé le temps long.”
Cette année, le bac a vu ses épreuves de spécialités décalées de mars à juin, avec des épreuves prévues ce mercredi et jeudi. L’épreuve de philosophie est cruciale pour les candidats qui cherchent à obtenir leur diplôme. Les élèves ont disposé de quatre heures pour développer leur argumentation et leur analyse sur les sujets proposés.
Les sujets 2024 pour la série générale sont particulièrement actuels et politiques, incitant les candidats à réfléchir sur le rôle de l’État dans la société contemporaine. Le texte de Simone Weil aborde quant à lui les conditions de travail et les mobiles de l’action humaine, offrant aux candidats une perspective critique sur la réalité sociale.
Le bac philo, avec un coefficient de 8 pour la série générale et 4 pour les séries technologiques, représente un moment clé pour les élèves en terminale. Cette épreuve ne teste pas seulement leur connaissance philosophique, mais aussi leur capacité à développer une réflexion personnelle et argumentée sur des questions de société et de philosophie morale.
À travers cette journée d’examen, les candidats ont eu l’opportunité de mettre en pratique leur compréhension des concepts philosophiques et de démontrer leur capacité à structurer une argumentation solide. Les résultats du bac, attendus pour le 8 juillet, seront déterminants pour leur orientation future dans l’enseignement supérieur.