Le compte à rebours est lancé. Comme le calendrier de l’avent, les Réunionnais font un décompte pour que le mois fatidique du mois de décembre soit atteint. Ce mardi 8 septembre 2020, le préfet de La Réunion Jacques Billant avait annoncé que « le pic épidémique est attendu pour le mois de décembre ».
Fêtes atypiques
Les fêtes seront donc atypiques. Les fêtes familiales seront d’abord scrutées de très près. Le préfet de La Réunion en avait appelé à une certaine sagesse dans le cadre de fêtes qui se tiennent dans le cercle familial. « Les mariages, les baptêmes, les communions peuvent bien sûr avoir lieu dans les lieux de cultes, mais je renouvelle mon appel à un strict respect des gestes barrière lors des cérémonies festives qui auront ensuite lieu dans le cadre privé », avait souligné Jacques Billant. D’autre part, les manifestations les établissements recevant du public sont encore fortement compromises. Les dernières mesures annoncées, en vigueur jusqu’à la fin septembre, divisent par deux leur jauge d’accueil et les rassemblements de plus de 10 personnes sont aussi interdits. Les fêtes dans les boites de nuit ne sont pas du tout sûres de tenir pour Noël et la Saint-Sylvestre, à moins que le nombre de cas ne chute drastiquement ; ce qui est loin d’être gagné.
Pour les entreprises, où les festivités de Noël et de fin d’année représentent une part importante du chiffre d’affaires, c’est la soupe aux grimaces. C’est le même constat pour les municipalités, à travers les marchés forains. Le marché de Noël d’Arras, attirant chaque année un million de visiteurs, est d’ores et déjà annulé en raison du contexte sanitaire. Il n’est pas exclu que les marchés forains réunionnais ne soient pas également annulé. Cette décision dépendra évidement de l’évolution de la situation sanitaire qui est très mal embarquée.
Précarité
Pendant que l’économie souffre, les grands patrons eux s’amusent. Noel est déjà là avec le plan de relance annoncé il y a quelques semaines. Les grandes entreprises bénéficieront de ces étrennes : entre autres, le chômage partiel sera prolongé jusqu’à deux ans, aux frais de la collectivité ; 10 milliards d’euros d’impôts dits de production seront supprimés et le manque à gagner pour les régions payé par la population, au travers de la TVA ; les impôts sur les locaux industriels devraient être divisés par deux à partir de 2021 et celui sur les sociétés ramené de 28 à 25 % ; sous prétexte de lutter contre le chômage des jeunes, les entreprises se verront accorder 4 000 euros pour l’embauche d’un travailleur de moins de 26 ans.
Tandis que les grands patrons sont à la fête, la précarité s’accentue et les inégalités se creusent. Les difficultés des ménages les plus modestes ont été accentuées par le confinement et la crise du Covid-19. Et les perspectives économiques laissent craindre que le pire soit devant nous. Les coups de pouce de l’administration ne sont que des rustines apposées sur un canot de sauvetage déjà troué de tous bords.
Semer le bonheur
Malgré tous ces nuages qui s’amoncèlent. La magie de Noel peut (doit) toujours s’opérer. La sagesse et l’intelligence collective sont les armes les plus efficaces. Dans sa tribune, le maire du Port a parfaitement résumé la situation. « Néanmoins, le virus circule activement et malgré tous nos efforts et notre engagement au quotidien pour limiter les risques de propagation, nous devons vivre avec le virus. Chaque famille réunionnaise sera probablement touchée de près ou de loin par l’épidémie », a-t-il expliqué.
« Des grandes épreuves de l’humanité, parmi lesquelles cette pandémie, nous ressortirons meilleurs ou pires. Ce n’est pas la même chose. Je vous le demande : comment voulez-vous en sortir ? Meilleurs ou pires ? », avait lancé le Pape François dans un de ses messages. A chacun de prouver les fêtes de la nativité sont une occasion de ressortir le meilleur, à commencer par une prise de conscience et le respect des autres. Le Père Noël et ses acolytes peuvent et doivent poursuivre leur mission : semer le bonheur, le réconfort et la joie dans le cœur des familles.