L’épidémie de chikungunya poursuit sa progression inquiétante à La Réunion. Du 10 au 16 mars, 4 156 nouveaux cas ont été signalés, portant le total des infections à 13 594 depuis le début de la crise en août 2024. Les communes du Sud et de l’Ouest restent les plus touchées, avec une situation particulièrement préoccupante au Tampon. La préfecture maintient le niveau 4 du plan Orsec, activé depuis le 14 mars dernier.
Une hausse de 16 % des contaminations en une semaine
Le nombre de cas de chikungunya enregistrés en une semaine a bondi de 16 % par rapport à la période précédente. Le Tampon est toujours la commune la plus impactée, mais la propagation du virus s’accélère aussi dans d’autres zones comme La Possession, Saint-André, Saint-Paul et Sainte-Suzanne.
Face à cette hausse continue, les autorités sanitaires rappellent l’importance des mesures de protection individuelle, notamment l’utilisation de répulsifs, le port de vêtements longs et l’élimination des eaux stagnantes, principales sources de prolifération des moustiques vecteurs du virus.
Les services hospitaliers sous pression
L’impact de l’épidémie se fait fortement ressentir sur le système de santé. En une semaine, les passages aux urgences liés au chikungunya ont explosé, passant de 78 à 128. Dans le même temps, 82 patients ont été hospitalisés plus de 24 heures, un chiffre en augmentation en raison d’un rattrapage des déclarations hospitalières.
Les cas graves s’accumulent également. À ce jour, 15 personnes ont été identifiées comme présentant une forme sévère du virus, dont 8 adultes et 7 nouveau-nés. La semaine dernière, les autorités sanitaires ont confirmé deux décès liés au chikungunya chez des personnes âgées, dont l’une souffrait de comorbidités.
Les groupes les plus vulnérables, notamment les femmes enceintes et les jeunes enfants, sont particulièrement exposés aux formes graves du virus. Les spécialistes recommandent aux femmes enceintes, surtout au troisième trimestre, d’utiliser des répulsifs adaptés et de dormir sous moustiquaire pour réduire le risque de contamination.
Renforcement des équipes de lutte antivectorielle
Face à l’intensification de l’épidémie, la préfecture a annoncé le renforcement des équipes chargées de la lutte contre les moustiques. Trois professionnels de la réserve sanitaire ont été déployés jusqu’au 16 avril :
- Deux ingénieurs en charge de la logistique et de la coordination des actions de mobilisation sociale auprès des collectivités
- Un technicien en appui aux équipes de terrain
Ces renforts doivent permettre d’intensifier les actions de démoustication et de sensibilisation dans les zones les plus touchées. Toutefois, les autorités rappellent que la dispersion des cas sur l’ensemble du territoire complique la mise en œuvre d’interventions ciblées autour des foyers de contamination.
Mobilisation et prévention restent essentielles
Alors que l’épidémie continue de progresser, la population est appelée à renforcer les gestes de prévention pour limiter la propagation du virus. L’ARS recommande :
- D’éliminer les eaux stagnantes autour des habitations
- D’utiliser des répulsifs et des vêtements couvrants
- De dormir sous moustiquaire, notamment pour les nourrissons et les femmes enceintes
- De consulter rapidement un médecin en cas de symptômes (fièvre, douleurs articulaires, éruptions cutanées)