La Réunion aurait dû être prête. Ses habitants ont été déjà confrontés à une crise sanitaire majeure : celle du  chikungunya, en 2006, durant l’été austral. De février 2005, premier cas recensé, à avril 2006, les chiffres officiels de surveillance de l’épidémie estimeraient le nombre de cas à 244 000, incluant 123 cas sévères et 41 cas de transmissions materno-néonatales, ainsi que 203 décès. Cela nous rappelle furieusement la crise traversée par la planète actuellement.

La Réunion est souvent confrontée à des épidémies qui sont souvent plus invalidantes que le coronavirus et qui mettent à l’épreuve le système de santé local. Le chikungunya fait partie de ces épidémies saisonnières qui impactent durablement la société Bien entendu, il n’est pas question de minimiser le danger que représente le coronavirus mais  une crise comme celle de 2006 aurait dû servir de leçon. La mécanique ressemble à celle du coronavirus même si le vecteur principal est le moustique.

Bien avant le coronavirus, beaucoup d’entreprises ont été impactées par la crise du « chick » : beaucoup d’entreprises ont été obligées de mettre la clé sous la porte et le secteur touristique a été l’une des premières victimes. Les annulations des vols et des séjours ont été légion et l’image de l’île a été ternie. L’économie réunionnaise ne s’en est pas encore remise malgré les millions d’euros injectés. 

C’était hier mais la cicatrice ne s’est pas encore fermée. En 2006, les autorités réunionnaises avaient sous-estimé l’ampleur de la maladie et le lot de conséquences qu’elle allait entraîner. Les mêmes largesses sont à déplorer dans la crise du coronavirus : les aéroports ont tardé à être fermés, les masques viennent à manquer, pis, les mesures d’urgences semblent être dilettantes avec un sentiment de flottement inconcevable, dans ce contexte particulier, le premier tour des municipales a été maintenu. L’épidémie de 2006 a mis en marche une dynamique de solidarité qui s’est évaporée au fil des ans. Pour les autorités, elle aurait dû servir de « modèle » pour des ripostes adaptées. Visiblement, les leçons n’ont pas été apprises.