Un projet de loi, actuellement en débat à l’Assemblée Nationale, a pour objectif « l’égalité réelle entre les outre-mer et la France hexagonale [par] la réduction des écarts de développement entre les territoires ultramarins et l’hexagone (…) ».
« France hexagonale », « hexagone », pas « métropole ».
En effet, il n’existe plus, au sein de la République Française, de « métropole » depuis le 19 mars 1946. Antérieurement, la « métropole » (signifiant « mère patrie ») distinguait le territoire continental européen de ces « filles » qu’étaient les colonies, toutes formant la France. En mettant fin (officiellement du moins) au régime colonial, la loi de Léon de Lépervanche et de Raymond Vergès a également aboli la « métropole » : sans colonies, plus de mère patrie. Restent des territoires égaux en droit, sans hiérarchie.
Alors pourquoi ce terme est-il toujours autant improprement utilisé aujourd’hui, à La Réunion ?
La première raison est que, au sein de la République Française, il existe un pays, sa Nation et son État qui portent le même nom : France. En comparaison, de l’autre coté de la Manche, les sujets de Sa Majesté la Reine Élisabeth II habitent un pays (un île nommée Grande Bretagne) composé de 3 Nations (l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Écosse) qui, additionnées à l’Irlande du Nord, forment un État : le Royaume Uni. Il n’y a pas de confusion possible.
La deuxième raison est plus problématique : la persistance de cette dénomination dans le langage commun reflète un état d’esprit de perpétuation du régime colonial, où un territoire, celui du pouvoir, demeurerait supérieur à un autre, réputé subalterne. Une conception « Bourbonnaise » de l’identité réunionnaise.
Les Antillais n’ont pas ce problème. Depuis plusieurs mandatures ils ont expurgé le lexique officiel politique de ce terme passéiste : leurs ministres des outremer se réfèrent sans scrupules à l’Hexagone et à la France hexagonale (pas à la France continentale, car la Guyane est également française et continentale). L’actuelle ministre des outremer n’a pas cette rigueur.
Profitons de cette résurgence d’aspiration égalitaire pour remiser définitivement la métropole au ban de l’histoire, et appelons la France, la France.
Philippe Yee-Chong-Tchi-Kan, Heureux Réunionnais, Citoyen Terrien.