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Lettre ouverte à Valérie Pécresse

Dame Pécresse,

Vous voilà tout auréolée de gloire à l’issue des primaires des Républicains. Vous avez écrasé le petit Ciotti qui, pourtant, a présenté un programme à peu près identique au vôtre. Un programme qui semble tenir la route.

Pure apparence en réalité ! J’y décèle une petite faille : vous ne faites aucune place aux revendications des Gilets Jaunes qui brandissent une démocratie participative. Ils veulent redorer le blason de la République, un blason, pour l’instant, terni et qui fait de notre pauvre République une république claudicante. Ils veulent, nos Gilets Jaunes, ils veulent voter pour tous les sénateurs de leur Département, de même pour tous les conseillers départementaux et de même pour tous les députés de leur département respectif. Nous les connaissons tous fort bien grâce aux média, notamment grâce aux réseaux sociaux et j’y apporte modestement ma contribution. Nous ne sommes plus au temps de la diligence.

Alors au diable les circonscriptions électorales, au diable les cantons qui datent de l’Ancien Régime. Oui, les petits électeurs sont devenus grands; ils ne veulent plus de ces anciens grands électeurs, grands magouilleurs devant l’Eternel, tout disposés à vendre leur bulletin de vote au plus offrant. Et c’est l’occasion de réduire le nombre de nos parlementaires. Emmanuel Macron, notre Président de la République, actuellement en sursis, y avait songé juste un instant, mais, il allait perdre beaucoup de ses vaillants marcheurs qui savent gaillardement marcher au pas de l’oie; réflexions faites, son projet est remis aux calendes grecques. De nos jours, hélas, avant chacune des élections de nos parlementaires, on se bouscule farouchement au portillon. Cela fait peine à voir, cet appétit glouton pour la chose publique, alors que cette chose publique exige un apostolat, une belle vocation, et non un appel à la rapacité insatiable et pantagruélique des deniers publics.

Nos Gilets Jaunes réclament aussi un meilleur partage des deniers publics : quand les cartes sont mal battues, il faut savoir les rebattre. Vous le constatez : des élus prestigieux perçoivent plusieurs indemnités et s’accrochent à des privilèges, et ils sont nombreux à gagner beaucoup plus qu’un chercheur du CNRS, véritable élite qui, en fin de carrière, gagne 6000 euros par mois.

Ajoutons à ces élus prestigieux ceux de la caste glorieuse qu’est l’ENA, le vivier de grands fonctionnaires : préfets, sous-préfets, ambassadeurs et bien d’autres moutardiers du pape – glorieuse dame, excusez mes omissions, complétez de vous-même ! Et si mes souvenirs sont bons, vous-même, vous sortez de cette caste, l’ENA, l’Ecole Nationale de l’Administration, mais aux yeux des Gilets jaunes, l’Ecole Nationale de l’Arnaque, car la devise authentique de cette glorieuse boutique, c’est : Servir l’Etat, c’est bien, se servir soi-même et servir les amis qui savent rendre la pareille, c’est autrement mieux.

Ainsi progressivement, sous la houlette des énarques, siégeant dans les différents ministères, se sont édifiées la France d’en Haut et la France d’en Bas, le plus légalement du monde. A la France d’en Haut, le poulet du roi Henri IV ou mieux, le homard, le décapode d’un certain François de Rugy; à la France d’en Bas, seulement les rognons d’un poulet ou moins nourrissantes, les dix pinces d’un décapode. Bref, les Gilets Jaunes ont sonné le glas de la Vè république.

Que faut-il donc faire pour améliorer l’ordinaire, pour redorer le blason de notre pauvre République chancelante ? Tout simplement passer à la VIè République en faisant voter la nouvelle constitution au suffrage universel.

        – revoir le code électoral en tenant compte de mes suggestions signalées ci-dessus.

       – accorder une seule indemnité à chaque élu, quel qu’il soit et quelle que soit son activité, comme l’ouvrier et l’infirmière des hôpitaux qui ont diverses activités et ne perçoivent qu’une seule rémunération.

       – accorder 6000 euros mensuels pour les élus et (hauts) fonctionnaires de la France d’en Haut; 6000 euros, comme les vraies élites de notre nation, alors qu’ils sont à un étage bien plus bas. Il faut cesser de croire que l’on est sorti tout droit de la jolie cuisse de Jupiter. Il faut songer enfin à la solidarité qu’exigent les ravages financiers de la covid-19.

       – 5000 euros pour chaque maire : le grand maire a à son secours une ribambelle de hauts fonctionnaires, alors que le petit maire n’en a aucun et qu”il est sur la brèche à tout instant..

       – la voiture de fonction doit se métamorphoser en voiture de service … pour la collectivité !

       – aucun repas payé par le contribuable : il faut le payer à son prix comme dans un restaurant privé; et plus aucun ticket-restaurant délivré par une collectivité. Dans le privé, le patron peut avoir son restaurant pour ses ouvriers, mais c’est lui qui en assure la totale gestion. Et s’il distribue des tickets-restaurant, c’est de sa poche. Adieu donc le célèbre homard de François de Rugy. Adieu le prestigieux restaurant de l’auguste préfet et consorts. C’en est fait de la période des vaches grasses !

        – accorder, à la retraite, une seule pension de la sécurité sociale avec un plafond, 3500 euros par mois, et une pension de 1400 euros aux plus démunis, les bien munis devant être solidaires des défavorisés, et donc accorder une pension qui oscille entre 1400 et 3500 euros.

     – enfin pour faciliter le repeuplement des petites communes et supprimer les déserts médicaux, mettre en place des cabinets médicaux communaux avec personnel salarié, le maire négociant avec la sécurité sociale, et mettre au service du médecin une pharmacie, comme en dispose une son homologue, le bon vétérinaire, qui a toujours son stock de médicaments. Ainsi, à la campagne, on sera aussi bien soigné que le chien, le chat et le perroquet du bon vétérinaire !

Bref, tout compte fait, la petite faille que, ci-dessus, j’ai décelée et analysée succinctement, me paraît horriblement béante. Alors, en mon âme et conscience, je lève la main droite et je jure solennellement sur la Bible : je ne voterai pas pour vous.

Bien cordialement.

Votre tout dévoué serviteur, Gérard Jeanneau, Gilet Jaune pacifique et pacifiste, ex gardeur de vaches sous l’occupation allemande.

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