Le lycée musulman Averroès de Lille se retrouve au cœur d’une controverse majeure après la décision du préfet du Nord de mettre fin au contrat liant l’établissement à l’État. Cette rupture, vingt ans après la création de l’école, est saluée par le président LR du conseil régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, comme un “signal clair” contre tout “compromis avec les valeurs républicaines”.
Depuis 2019, le lycée Averroès était en conflit avec la région des Hauts-de-France, qui refusait de verser la subvention prévue dans le cadre du contrat, notamment en raison d’un don qatarien de 950 000 euros en 2014. Pour Xavier Bertrand, cette décision de mettre fin au contrat est un soulagement après plus de six ans d’alertes adressées à l’État concernant la présence du fait religieux dans l’établissement. Il insiste sur la nécessité d’une vigilance extrême face à toute atteinte possible aux valeurs républicaines.
Le préfet du Nord, Georges-François Leclerc, a officiellement annoncé la fin du contrat le 7 décembre, soulignant des financements opaques, des ressources pédagogiques incomplètes, et des enseignements “en contradiction” avec les valeurs de la République. Il pointe du doigt l’absence de ressources au centre de documentation et d’information de l’établissement sur des thématiques cruciales telles que la culture, les institutions sociales, les comportements culturels, les relations entre les sexes et l’homosexualité.
Une inspection de l’Éducation nationale en 2020 n’avait rien trouvé à redire, mais le préfet se fonde sur des “rapports d’inspection” pour justifier la décision, mettant en lumière des enseignements d’un cours d’éthique musulmane basés sur un ouvrage prônant la peine de mort pour apostasie ou la ségrégation des sexes. La gestion et les financements opaques sont également évoqués comme des “manquements graves” justifiant la rupture du contrat.
Face à cette décision, le député socialiste du Nord, Roger Vicot, considère la situation “tout à fait injuste” et craint un risque de stigmatisation de la population inquiète, soulignant qu’une inspection de l’Éducation nationale en 2020 n’avait rien trouvé à redire. Le directeur de Sciences Po Lille, parrain de l’établissement, juge la décision “totalement disproportionnée”.
Le lycée Averroès, ouvert en 2003, était devenu en 2008 le premier lycée musulman de France à passer sous contrat, après avoir été créé avec le soutien de l’ex-UOIF (devenu Musulmans de France). Malgré ces récentes tensions, l’établissement, comptant 400 élèves, continue de se classer parmi les meilleurs de la région. Les dirigeants du lycée ont annoncé leur intention de déposer un recours devant la justice administrative. L’affaire soulève des questions complexes liées à la liberté pédagogique et à la gestion des établissements confessionnels dans le contexte des valeurs républicaines françaises.