Les résultats des élections législatives à Maurice, annoncés ce lundi 11 novembre, marquent un tournant politique majeur pour l’île. Le Premier ministre sortant, Pravind Jugnauth, a subi une défaite cuisante face à Navin Ramgoolam, leader de l’Alliance pour le changement. Après plus de sept ans à la tête du pays, Jugnauth, qui avait succédé à son père Anerood Jugnauth en 2017, quitte le pouvoir, laissant place à un autre héritier d’une dynastie politique mauricienne.
La fin d’une ère pour Pravind Jugnauth
L’annonce des résultats a surpris de nombreux observateurs. Pravind Jugnauth, qui avait consolidé son pouvoir au fil des années, semblait pourtant bien parti pour se maintenir au poste de Premier ministre grâce à ses accords internationaux, notamment celui sur la rétrocession de l’archipel des Chagos avec le Royaume-Uni. Cependant, le vent a tourné pour le dirigeant, dont la campagne a été entachée par le scandale des “Moustass Leaks” : des enregistrements téléphoniques impliquant des personnalités politiques, dont Jugnauth lui-même, ont révélé des soupçons de corruption et ont jeté un voile d’ombre sur sa crédibilité.
Navin Ramgoolam fait son grand retour
Navin Ramgoolam, quant à lui, n’est pas un nouveau visage pour les Mauriciens. Fils de Sir Seewoosagur Ramgoolam, le père de l’indépendance mauricienne, il a déjà occupé le poste de Premier ministre à deux reprises : de 1995 à 2000, puis de 2005 à 2014. Son retour au pouvoir, après plusieurs années d’absence et de controverses, s’est fait sous la bannière de l’Alliance pour le changement. Sa campagne s’est articulée autour de la relance de l’économie, avec des promesses de soutien social pour améliorer le pouvoir d’achat des Mauriciens, notamment face à une inflation galopante.
Les promesses économiques qui ont fait la différence
L’Alliance pour le changement a su capter l’attention des électeurs grâce à des propositions concrètes pour relancer l’économie. En misant sur une politique de relance par la demande et en promettant des aides ciblées pour les familles en difficulté, Ramgoolam a séduit une population lassée par les promesses non tenues du gouvernement Jugnauth. Bien que ce dernier ait tenté de rattraper son retard en proposant des baisses des prix de l’essence et d’autres mesures économiques de dernière minute, cela n’a pas suffi pour renverser la tendance.
Des célébrations et des défis à venir
Suite à l’annonce des résultats, des milliers de Mauriciens ont défilé dans les rues de Port Louis pour célébrer la victoire de Ramgoolam. Cependant, ce retour au pouvoir s’accompagne de défis majeurs. Navin Ramgoolam devra s’attaquer à des problèmes économiques pressants, comme la hausse du coût de la vie, le chômage et le besoin urgent d’une relance économique post-pandémie. De plus, le nouveau gouvernement devra gérer la transition délicate avec le Royaume-Uni sur la question de la souveraineté de l’archipel des Chagos.
Un tournant politique pour Maurice
Le départ de Pravind Jugnauth, après plus de sept ans au pouvoir, symbolise la fin d’une époque pour Maurice. Si cette défaite marque la fin de la dynastie Jugnauth pour le moment, le retour de Ramgoolam montre que les dynasties politiques continuent d’exercer une influence significative dans la vie politique mauricienne. Le peuple a montré, par ce vote, son désir de changement, mais il reste à voir si Navin Ramgoolam pourra réellement tenir ses promesses et répondre aux attentes élevées des électeurs.