Depuis le début de l’année, les cieux français ont été le théâtre d’un spectacle céleste exceptionnel, jusqu’alors rares à cette latitude : les aurores boréales. Des lueurs féériques de bleus, oranges et roses ont captivé le regard des observateurs, peignant le ciel nocturne de couleurs flamboyantes. Cette manifestation éblouissante a été particulièrement intense dans la nuit du dimanche 6 novembre, visible non seulement en France, mais également au Royaume-Uni et jusqu’en Ukraine. Un phénomène qui suscite l’émerveillement, mais aussi de nombreuses interrogations.
À la source de ce spectacle céleste, une explication scientifique fascinante se dessine. Selon Nathalie Huret, professeure des universités en physique de l’atmosphère, ces aurores boréales trouvent leur origine dans une “vague de particules solaires” qui atteint la Terre. Ce phénomène débute avec des éruptions solaires qui projettent du plasma, un gaz chaud composé de particules chargées, en direction de notre planète. Lorsque ces particules entrent en collision avec le champ magnétique terrestre, elles excitent les particules de l’atmosphère, créant ainsi la magie lumineuse des aurores boréales.
Les couleurs vives enregistrées dans le ciel résultant de cette interaction, chaque couleur étant associée à un type d’atome stimulé. L’oxygène produit une lumière verte, tandis que l’azote génère des tons plus bleus et violets. Les aurores boréales se manifestent généralement aux pôles Nord et Sud dans ce qu’on appelle les “cornets polaires”. Cependant, ces observations récentes en France s’expliquent par une activité solaire intense, provoquant l’arrivée rapide de particules en direction de la Terre, à une altitude moyenne.
Bien que les aurores boréales soient rares en France, leur fréquence semble avoir augmenté en 2023. Nathalie Huret souligne que cela résulte d’une activité solaire intense, accentuée par un cycle solaire de onze ans. Actuellement, le soleil est dans son 25e cycle, ayant commencé en décembre 2019, et il devrait atteindre son pic d’activité en 2025. Les mois à venir pourraient donc offrir davantage de vagues colorées dans le ciel français, bien que leur observation reste soumise à la combinaison de divers facteurs.
Pour admirer ce phénomène naturel exceptionnel, les observateurs sont invités à se rendre loin des sources lumineuses et à diriger leur regard vers le nord, la direction privilégiée des particules solaires. Cependant, la professeure Huret rappelle que derrière la beauté des aurores boréales se cachent des conséquences potentiellement sérieuses. En effet, ces manifestations lumineuses peuvent perturber les ondes, affectant les télécommunications et les réseaux électriques. Elle s’est mise en garde en rappelant l’incident de 1989 au Québec, où une importante tempête solaire a plongé six millions de personnes dans le noir total.