Le gouvernement a annoncé une grande restructuration de l’audiovisuel public. France télévisions devrait donc se séparer de deux de ses chaînes. Après France 4, la chaîne des Outremers France Ô va disparaître de la TNT. La décision était actée en 2018. L’exécutif entend réaliser 190 millions d’euros d’économie au secteur d’ici 2022. France 2 et France 3 devront se charger de proposer des programmes traitant de l’Outremer à des heures de grande écoute.
Devant la levée de bouclier des acteurs ultramarins, Edouard Philippe avait tenté de rassurer. « La représentation des territoires et des habitants ultramarins doit trouver sa juste place au sein de l’audiovisuel public, non pas à la périphérie – comme c’est le cas aujourd’hui à travers la chaîne France Ô dont l’audience reste encore trop confidentielle, mais par une intégration au sein de la programmation de l’ensemble des autres chaînes de France Télévisions », avait souligné la primature.
Devant cette disparition annoncée, 125 personnalités dont Erik Orsenna, Lilian Thuram, Marius Trésor et Audrey Pulvar signent un appel pour maintenir et transformer France Ô. Les personnalités signataires de la tribune défendent l’utilité de la chaine.
Outil de créolisation : « (…) A travers la diffusion de ses concerts de zouk, de maloya, ou de ukulélé, de ses émissions littéraires, de ses pièces de théâtre d’Aimé Césaire, de ses fictions venant de Nouvelle-Calédonie ou de l’île de la Réunion, de ses documentaires sur l’histoire et la mémoire, la chaîne France Ô est le reflet de ce que l’écrivain martiniquais Edouard Glissant qualifiait de créolisation du monde, un espace où dialoguent les cultures de l’archipel France ».
Question d’audience : « (…) Supprimer France Ô c’est aussi ôter aux téléspectateurs des départements et territoires une chaîne qu’ils apprécient. Si son audience atteint 0,6% en 2018 dans l’Hexagone, elle y est multipliée par deux en Guadeloupe et se monte à 6,4% à Mayotte, 6% en Guyane, et 5,4% en Polynésie (Mediamétrie 2019-2020). Dans les outre-mer, elle devance régulièrement les chaînes France 5 ou France Info. C’est dire si elle est appréciée. Viendrait-il à l’idée d’un décideur de supprimer France 5 au prétexte qu’elle ne réalise pas de bons scores d’audience en outre-mer ? Evidemment non. C’est pourquoi nous estimons que le recentrage de la chaîne sur les outre-mer, entamé il y a quatre ans, doit être amplifié. France Ô doit devenir la chaîne des territoires des outre-mer mettant l’accent sur la transition écologique, la valorisation des cultures et des talents au service de l’ambition stratégique de la France dans le monde ».
Fenêtre pour l’excellence de l’outre-mer : « (France O doit) devenir dès maintenant la chaîne du sport : avec Teddy Riner, Marie-José Pérec, Raphaël Varane, Jackson Richardson, Lilian Thuram pour ne citer qu’eux les outre-mer sont des terres de champions qui assurent à la France son rayonnement mondial dans le domaine sportif. France Ô a donc vocation à être la chaîne de la préparation et de la montée en puissance des Jeux olympiques de 2024 à Paris (…) »
Mettre en avant la diversité de la France : « (…) En outre, la chaîne doit être promue car elle assure la représentation de la diversité dans le paysage audiovisuel français. Basée à Malakoff en Ile-de-France, France Ô est aussi un puissant outil qui relie par ses informations le million d’ultramarins de l’Hexagone aux outre-mer. Ses programmes en matière d’histoire et de mémoire font autorité et de la chaîne un modèle de vivre ensemble et de tolérance. Selon le rapport du CSA de décembre 2018, sans France Ô la part de la représentation des personnes perçues comme résidents en outre-mer dans les journaux d’information toutes chaînes confondues de la TNT atteint 0,3%, avec France Ô ce taux monte à 9% ! Ce qui prouve, s’il le fallait, la nécessité de la chaîne comme puissant instrument de lutte contre les discriminations. »