Attention, séquence émotion. « Bat’carré 103 », ce terme pourrait occasionner un rictus de sourire sur certains visages ou réveiller des tendres (ou moins tendres) souvenirs. C’est une expression qui était en vogue il y a encore 20 ans.

Une époque où il était courant de croiser de nombreuses 103 sur les routes réunionnaises. Le petit « bolide » était un moyen de locomotion bon marché et pratique pour aller faire quelques commissions en ville ou à la boutique du quartier. Qui n’a jamais rendu  visite à la famille aux amis, en enfourchant la mythique 103 ou encore, qui n’est jamais allé pêcher sur le littoral avec la bécane avec la canne qui dépasse allègrement la tête ?

Il arrivait même de voir des jeunes couples qui se pavanaient, l’homme à l’allure fière et la femme sur le porte-bagage. La 103 pouvait carrément se transformer en véhicule familial : l’enfant devant et le couple derrière sur la petite pétrolette. Elle connaissait aussi son lot de fans inconditionnels qui passaient tout leur temps libre à la trafiquer pour avoir un peu de puissance. Pot détente, pédales lanceur, changement de carburateur autant de pièces qui lui faisait battre des record de vitesse à la pousse ou tout simplement sur le route réunionnaise. La 103 était un moyen abordable pour la jeunesse à la recherche de l’ivresse de la vitesse à moindre frais. Elle occasionnait également des frayeurs. Traficoter une « branche goyave » comportait des risques. Il n’était pas rare de croiser des 103 qui dépassaient les 100 km/h en roulant à tombeau ouvert.

Aujourd’hui, la mobylette péï a déserté les routes de l’île pour un monde meilleur. Elle a laissé la place aux scooters en tout genre. Elle fait tout de même encore un peu de résistance. Sur les routes, certains chanceux peuvent encore la croiser avec un jeune féru de mécanique au guidon ou un moins jeune certainement nostalgique du tan lontan. Le temps de l’insouciance, le temps de la 103….