Dans un reportage diffusé sur une chaîne locale, les téléspectateurs réunionnais ont pu suivre une première arrestation d’un « cybercriminel ». Le réveil a été un peu brutal pour un homme de 50 ans qui habite un quartier du Chef-lieu. A 6h30 du matin, les policiers de la cybercriminalité interpellent la personne soupçonnée de téléchargement illégal de musiques et de films comme ils le feraient pour des “bandits”. Une arrestation assez musclée pour un délit qui est encore assez mal connu pour la plupart. Selon les policiers venus faire l’interpellation, Hadopi avait déjà envoyé 5 mails et courriers à la personne incriminée.
Il faut savoir que le téléchargement illégal d’une œuvre protégée par les droits d’auteur expose à des risques de sanction pénale. En théorie, ce fait est susceptible de constituer un délit de contrefaçon dont la peine peut atteindre jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende. Cependant, la situation extrême vécue par le cinquantenaire est assez rare. Dans la très grande majorité des cas, c’est une procédure spéciale, qui peut parfois conduire à une contravention, qui s’applique. Le dispositif issu des lois Hadopi prévoit en effet une graduation dans les mesures prises à l’encontre des internautes.
Hadopi a pour vocation la lutte contre le piratage sur Internet. Sont ici visés les nombreux utilisateurs ayant recours à des téléchargements illégaux via des plateformes de partage de fichier (réseaux dits « peer to peer »). En revanche, les personnes qui téléchargent par des liens directs ou qui utilisent le streaming ne sont pas concernés. En cas de téléchargement illégal, l’Hadopi est chargée de contacter les internautes par le biais d’un premier email d’avertissement. Cet envoi s’inscrit dans la procédure de réponse graduée qui peut, dans certains cas, aboutir à une sanction. En tout cas, l’arrestation musclée dont fut victime ce Réunionnais fera date. Sur internet, elle a immédiatement reçu le soutien de la quasi-totalité des internautes. Pour les uns, c’est une « honte pour la France ». D’autres ironisent : « super, on a arrêté les vrais criminels on pourra dormir tranquille maintenant ».
Pour les citoyens lambda, cet excès de zèle des forces de l’ordre étonne alors que la « vraie » criminalité à La Réunion est galopante. Cambriolages, agressions, meurtres, viols… sont légion et nécessitent la mobilisation constante des gardiens de la paix. Néanmoins, les films, clips, chansons, séries… sont aussi des propriétés intellectuelles qu’il faut défendre. Les télécharger constitue un vol comme un autre. Un certain équilibre est donc à trouver.