L’affaire du financement illégal de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy connaît un tournant décisif. Ce mercredi 27 mars, le Parquet national financier (PNF) a requis la condamnation de l’ancien président français pour plusieurs chefs d’accusation, notamment corruption passive, recel de détournement de fonds publics et association de malfaiteurs.
Des indices d’un financement occulte
Le PNF met en avant un “faisceau d’indices” indiquant que de l’argent liquide, en provenance de Libye, aurait été utilisé dans la campagne de Nicolas Sarkozy. Bien que les enquêteurs n’aient pas pu prouver l’existence d’un système de fausses factures, ils affirment avoir retrouvé des traces de paiements en espèces pour divers frais liés à la campagne, comme des remboursements d’hôtels et des primes en liquide.
Le procureur Quentin Dandoy a souligné que les sommes en jeu sont minimes comparées aux 6 millions d’euros supposément versés par la Libye dans le cadre d’un “pacte de corruption”. Cependant, il insiste sur le fait que ces mouvements d’argent sont significatifs dans le contexte de cette affaire.
Le rôle clé de Claude Guéant
Selon l’accusation, Claude Guéant, bras droit de Nicolas Sarkozy à l’époque, aurait joué un rôle central dans la réception et la gestion de ces fonds. Il aurait loué une chambre forte près du QG de campagne sans en expliquer l’usage. De plus, plusieurs témoignages d’anciens responsables libyens, ainsi que celui de l’intermédiaire Ziad Takieddine, accréditent la thèse d’un financement occulte en provenance de Tripoli.
Des anciens ministres impliqués
Le parquet a également requis des condamnations pour complicité de financement illégal de campagne à l’encontre de trois anciens ministres proches de Nicolas Sarkozy :
- Éric Woerth, alors trésorier de la campagne
- Brice Hortefeux, ancien ministre de l’Intérieur
- Claude Guéant, ex-secrétaire général de l’Élysée
Tous sont soupçonnés d’avoir participé activement à la mise en place de ce financement illégal.
Un pacte de corruption dénoncé
La veille, le procureur avait déjà qualifié ce dossier d’”inouï et indécent”, affirmant que Nicolas Sarkozy avait été “le véritable commanditaire” d’un pacte de corruption avec le régime de Kadhafi. Il a rappelé que l’ancien dictateur libyen avait bénéficié d’un soutien diplomatique accru de la France après l’élection de Nicolas Sarkozy, notamment avec la réception très controversée de Mouammar Kadhafi à Paris en 2007.
Par ailleurs, l’accusation pointe du doigt les interventions de Claude Guéant pour faciliter la vente d’armes à la Libye et l’octroi de contrats nucléaires, sans tenir compte des recommandations de sécurité des experts français.
Des réquisitions lourdes attendues
Les réquisitions finales, notamment les peines demandées contre Nicolas Sarkozy et les autres prévenus, seront dévoilées ce jeudi. L’issue de cette affaire pourrait marquer un tournant majeur dans la carrière politique de l’ancien chef de l’État, déjà condamné dans d’autres affaires judiciaires.