Pour les défenseurs de l’environnement, les attaques de requin fréquentes à La Réunion sont les symptômes qu’un écocide est inéxorablement en marche. Lors d’une conférence à l’Assemblée nationale consacrée au droit de l’excellence environnementale, Laurent Neyret, professeur de droit privé à l’Université d’Artois, avait expliqué que « le terme d’écocide doit être réservé aux cas les plus graves d’atteintes à l’environnement, car il renvoie à l’homicide et au génocide ».
Sont classées dans ce registre par exemple l’affaire du Probo Koala, ce cargo qui a déversé des déchets dangereux à Abidjan, ou encore celle de Chevron, dans le cadre de laquelle la société américaine exploitante de pétrole a été condamnée à une amende de 8 milliards de dollars par un tribunal équatorien. La question de la responsabilité pénale des entreprises transnationales est ainsi posée selon Laurent Neyret. La situation réunionnaise est-elle semblable à cela? A quelques nuances près, la responsabilité de quelques sociétés, celle de l’autorité et des citoyens sont engagées.
La résurgence des attaques de requins résulte d’une action anthropique et d’un changement climatique qui est réel. D’habitude, les requins bouledogues et les requins tigres qui abordent les côtes sont des espèces qui ne sont pas attirées par l’homme et peuvent même en avoir peur. La pression démographique est également intense sur l’île. Elle s’est accompagnée d’un déplacement de la majorité des habitants vers le littoral transformant des petits villages côtiers en villes moyennes. Ce qui a bouleversé le paysage du littoral.
La surpêche occasionne également la raréfaction des proies des requins – comme les poissons pélagiques (harengs, sardines, anchois, thons, etc.) – ce qui les amène de plus en plus vers les côtes et plus près de l’Homme. Les acteurs de cet écocide sont donc l’ensemble des habitants de l’île à commencer par les autorités qui peinent à dégager des solutions écologiques sur le long terme et préfèrent plutôt inverser dans des mesures qui accroissent la pression écologique sur La Réunion. Heureusement, Le phénomène n’est pas irréversible mais nécessite l’implication de tout un chacun.