C’est une sorte de désaveu. Mardi 7 mars, la région Réunion a retiré la ligne de financement initialement destinée à la Réserve naturelle marine à La Réunion (RNMR). C’est une manière pour elle d’accabler cette dernière. La région serait-elle finalement d’accord avec la théorie selon laquelle la mise en place de la réserve marine serait un des facteurs qui a encouragé la recrudescence des attaques de requins. Elle est notamment accusée d’être le « garde manger » des requins. Un pêcheur de Saint-Paul en est sûr. «C’est une évidence pour moi, De plus en plus de nos prises sont à moitié dévorées par les requins quand nous remontons nos lignes », explique un quadragénaire.
Fruit du hasard ou vérité scientifique ? La Réunion est l’un des endroits les plus mortels en termes d’attaques de requin dans le monde. « La Réunion est actuellement l’endroit le plus mortel du monde en matière d’attaques de requin », soulignait en septembre 2016, Georges Burgess, directeur de l’Université de Floride, qui recueille les statistiques sur ces attaques depuis 1958. Pointée du doigt, la Réserve marine a dû se défendre fréquemment. En 2015, Fabien Metayer, son directeur avait affirmé que « la réserve marine est une des solutions à la crise requin. Elle est essentielle pour rétablir l’équilibre dans la mer et profite donc aux populations. La réserve n’a pas permis d’attirer autant de poissons car “l’effet réserve” n’arriverait qu’au bout de longues années de travail ».
Pour les scientifiques de la Réserve, ce sont les rejets des déchets en mer dus à l’urbanisation qui peuvent expliquer que les requins s’approchent si près des récifs qui ne sont pas leur milieu de prédilection. Cela n’empêche pas qu’une grande partie des Réunionnais la prenne en grippe. Pour preuve, les intimidations et les attaques au cocktail Molotov sont fréquentes. La dernière en date a eu lieu le 24 février dernier.
Même la Fédération française de surf indique que « les relevés des récepteurs indiquent qu’ils sont présents de façon très régulière près de la côte, à proximité immédiate des zones balnéaires. Il est aujourd’hui empiriquement et scientifiquement avéré que la population de requins est anormalement élevée à La Réunion. En avril 2015, les scientifiques en charge du dossier sur place ont estimé à 1 200, le nombre de requins bouledogues croisant sur la zone ». Aujourd’hui, la population réunionnaise attend une vraie solution. Il faudrait également que les parties prenantes (scientifiques, pouvoirs publics, surfeurs…) parviennent à s’entendre pour par exemple concentrer leurs activités sur des périmètres délimités.