Les salariés réunionnais se sentent-ils concernés par le projet de Loi El Khomri ? Si ce n’est pas encore, ils le seront très rapidement. En effet un sentiment d’inconscience ou peut être d’ignorance, sur la portée d’un tel texte, souffle actuellement sur une majorité des travailleurs de notre département.
Lors des pauses déjeuners, l’on parle toujours des révoltes, des casses en Métropole mais faudrait prendre l’habitude de parler des causes de ces manifestations entre collègues et entre amis. Il ne faut pas systématiquement citer inlassablement le groupe de mot « Loi El Khomri » mais parler de ce que comporte cette loi en termes concret.
Parlons surtout de cette vague – ou plutôt de ce tsunami – de licenciements économiques que va provoquer cette loi de travail. Pour certains salariés qui ont un train de vie bien régulé, comment réagiront-ils lorsque leurs employeurs leur demanderont de prolonger leur temps de travail en pointant la menace d’un licenciement économique sur leurs tempes ? Comment vont réagir nos travailleurs qui, au lieu d’être payé 25% de plus pour les 8 premières heures supplémentaires, ne seront payés qu’à hauteur de 10% ? Comment vont-ils réagir lorsque leurs paies vont diminuer dès que l’entreprise rencontrera la moindre difficulté ?
Après tout, la réponse dépend de quel coté l’on est. Il est clair que le patronat n’a pas les mêmes inquiétudes. L’objectif premier est de les rendre plus « compétitifs » notamment avec l’accord dit « offensif ». A contrario, comment réagiront les banques lorsqu’un salarié les solliciteront pour un prêt bancaire?
A ce rythme, seuls les gros salaires pourront s’offrir le luxe de devenir propriétaire. Il faudrait encore faire l’inventaire de ceux qui ne pourront plus payer leurs crédits. L’on est en droit de se demander à qui profite ce crime social ? Les questions se bousculeront également dans la tête du jeune étudiant qui aspire à intégrer le marché de l’emploi tout en sachant que son beau diplôme facilitera peut-être son entrée dans l’entreprise mais ne freinera pas sa sortie.
Le principe de compétitivité est tout à fait louable, mais dans ce cas de figure, il faudrait que cela s’applique aussi à nos chers amis politiciens qui ne se tuent pas à la tâche, comme en témoigne le taux d’absentéisme de certains élus.
L’on pourrait dire que nos salariés ne sont peut être pas tous informés sur la loi El khomri. Néanmoins, ceux qui nous gouvernent sont loin de savoir quelle difficulté l’on vit pour finir le mois en comptant les derniers centimes pour pouvoir nourrir sa famille.