Malgré les nombreuses alertes données ici et là, la situation extrêmement préoccupante dans laquelle se trouve depuis des années le BTP se poursuit. Je me suis d’ailleurs déjà exprimé à ce sujet : dans des tribunes libres, notamment en mars 2015, en mars, avril, novembre 2016, en janvier et février 2017 ; à travers différents courriers adressés aux Ministres.
Etait-ce prévisible ? Oui. Pour autant, il n’y a pas de fatalité. Quand le bâtiment va tout va et là, il est certain que plus rien ne va.
C’est avec beaucoup de facilités que certains tirent à boulets rouges sur le nouveau gouvernement.
Ceux-là oublient le désastre dans lequel Sarkozy et Hollande ont laissé le pays.
D’autres voyaient le chantier de la NRL comme l’élément qui résorberait tous les maux. Or, pendant qu’il aspire fortement la commande publique, il est aussi faiblement créateur d’emplois. Les délais de construction et la maîtrise des coûts ne sont par ailleurs pas assurés.
S’agissant des aides aux entreprises, la complexité administrative les rend élitistes. Beaucoup de TPE-PME n’ont pas les moyens techniques et humains d’y accéder.
De la même façon, beaucoup de petites et moyennes entreprises locales échappent au peu de commandes publiques.
Nombreuses en sont exclues à cause de clauses trop contraignantes au moment de la passation du marché. Le pont de la Rivière des Galets est un exemple criant : l’absence d’allotissement et les contraintes financières en matière de chiffres d’affaires n’ont pas permis pas à de petites entreprises qui ont la compétence de se positionner.
Force est de constater que le Président de la collectivité régionale, chef de file en matière de développement économique, est mis en échec. À la Région, les grandes théories sont préférées au pragmatisme, qu’impose pourtant la situation actuelle.
Le contexte exige des mesures immédiates pour créer un choc d’investissements au service de l’économie locale, nous assistons au contraire.
À titre d’exemple, alors que la Région investissait il y a quelques années environ 50 millions d’euros par an dans le plan d’aides aux communes, seulement 13 millions d’euros ont été réellement mis en 2016 ! C’est l’hécatombe ! Où en est le plan 2 d’aides aux communes, quelle sera l’enveloppe annuelle consacrée, à quel moment cet argent sera-t-il réellement injecté dans l’économie ?
Ces travaux de moindre envergure profitent au tissu économique local. La non tenue des promesses électorales pénalisent lourdement les entreprises réunionnaises. Ce sont les petites entreprises qui subissent de plein fouet la baisse de ces investissements.
De même, la branche bâtiment du BTP est au plus mal et pour cause, la construction de logements promise à chaque campagne électorale est en panne ! Le Président de Région promettait en 2015 d’y mettre entre 500 millions et un milliard d’euros sur la mandature : moins de 5 millions d’euros par an à l’heure actuelle ! À quand les 80 millions d’euros d’investissements annuels promis dans la réhabilitation des logements ?
Il est aussi fort regrettable que la question de l’emploi local soit si souvent détachée de la question des entreprises locales. Beaucoup s’agitent à demander toujours plus de contrats aidés mais demeurent vraiment silencieux lorsqu’il s’agit de défendre l’emploi pérenne. Ceux-là généralement, se battent non pas pour l’emploi des plus fragiles mais défendent en réalité leurs propres intérêts partisans. L’accès des TPE-PME à la commande publique est élément fondamental pour le développement économique.
Investir dans les zones d’activités comme ça a été le cas pour la ZAC du Portail ou développer enfin la zone aéroportuaire de Pierrefonds, voilà des projets réellement créateur d’emplois durables.
La grogne actuelle est au combien légitime et compréhensible. Elle appelle à se poser les vraies questions et aussi, à remettre en cause notre façon de gérer l’argent public.
Des millions d’euros sont mis dans le secteur économique, mais ces investissements ne sont pas suffisamment réfléchis dans le spectre de l’intérêt de La Réunion et des Réunionnais.
Des pansements sur des jambes de bois : au lieu de favoriser la création d’activités et le développement économique, la Région met jusqu’à deux millions d’euros pour payer les dettes de grosses entreprises en redressement pourtant déjà aidées par l’État.
Puisque la ligne actuelle est celle-là, je demande à la Région la mise en place d’un fonds de soutien aux entreprises en difficulté.
Ces plans de sauvetage de deux millions d’euros ne doivent pas seulement être réservés au secteur de la presse. Comme la Région sait le faire, à titre exceptionnel, en tant que chef de file du développement économique, tous les chefs d’entreprise, surtout ceux du bâtiment, doivent pouvoir trouver auprès de la collectivité, le même soutien, à moins que l’argent des Réunionnais ne soit réservé qu’à une certaine garde rapprochée.
J’invite donc toutes les entreprises en difficulté à se rapprocher des deux Présidents de chambre consulaires, également Vice-présidents à la Région. Forcément sensibles à cette crise, ils apporteront leur soutien indéfectible pour plaider ces dossiers auprès du Président de Région. C’est l’esprit même, a priori, de leur présence au Conseil Régional.
Je le répète depuis des années : dans nos décisions politiques, nous devons prendre en compte les retours sur investissement pour le territoire. L’évaluation des politiques publiques doit être systématique.
Je me réjouis que ce sujet soit, notamment à l’approche des Assises des Outre-mers, saisis par bon nombre d’acteurs autour de la question de l’ancrage territorial des politiques publiques qui induit celle de son évaluation. Il est nécessaire que l’argent public serve à la création d’emplois pérennes à La Réunion.
En tant que Député, je suis en charge d’un rapport sur le développement économique, l’emploi et le pouvoir d’achat. Ce rapport viendra alimenter les travaux dans le cadre des Assises des Outre-mers.
Je souhaite que ce travail sur ces sujets qui font partis des préoccupations des Réunionnais, puisse se faire avec l’ensemble des acteurs, politiques, économiques, sociaux, pas dans l’esprit trop souvent partisan des uns et des autres mais dans un esprit constructif, au service de l’intérêt général.
Je suis d’ailleurs prêt à recevoir l’ensemble des acteurs concernés dès cette semaine.
Je serai vigilant lors de l’élaboration des prochaines lois de finances, à ce qu’il se passe au niveau national tout comme je continuerai à être attentif à l’utilisation ici, à La Réunion, des fonds destinés normalement au développement économique. Ainsi, dès 2018, l’État doit revoir sa copie sur certains sujets. Le plan pluriannuel sur le logement aidé est une nécessité. De même, bien que les dispositifs de défiscalisation ont donné lieu à des abus, ils restent un système salutaire pour notre économie insulaire et demandent simplement à être optimisés.
Je le dis très clairement : pas d’investissement, pas d’activité, pas d’entreprise, pas d’emploi. Il est plus que temps de sortir de ce cercle vicieux !