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« Mi gane pu koze kréol ! » : quand la langue créole se perd

« Oublie, oublie ton passé, oublie ta langue maternelle, oublie ta personnalité », s’était exclamé l’écrivain Aharon Appelfeld quand il a été accueilli en Israël au lendemain de la seconde guerre mondiale. Est-il vraiment nécessaire de faire table rase de sa langue d’origine pour naître à une nouvelle existence aussi bien sociale que professionnelle ? Il n’est pas rare que des réunionnais passe 15 ans, 5 ans voire un an à l’étranger, dans l’Hexagone, et ne parle plus une once de créole.

 

Alors que la langue dite « maternelle » (qui peut aussi être la langue du père, lorsque celle-ci est adoptée par un couple mixte) est la langue implicite, la langue des affects et du plaisir, selon les psychanalystes. Le créole est un héritage et une fierté pour tous ceux qui la pratiquent. C’est une composante majeure de la culture réunionnaise et une identité remarquable qui différencie le département. D’où vient alors cette amnésie ?

 

Au-delà des raisons purement égocentriques (ne plus vouloir être associé à la créolité par exemple), que tous ceux qui vivent dans un pays étranger et qui donnent l’impression d’avoir oublié leur langue maternelle se rassurent : c’est scientifiquement prouvé, une perte de capacités linguistiques peut survenir chez un sujet bilingue. Mais pour ceux qui ont le choix, la pratique du créole permet de léguer cet héritage.

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