Imax, lunettes 3D, VHS, technicolor … la technologie n’a cessé de remodeler Hollywood. Mais le plus grand et le plus important changement s’est peut-être produit au début de l’histoire de l’industrie : le passage des films muets aux films parlants.
93 ans se sont écoulés depuis la première du tout premier film parlant, The Jazz Singer, et le début d’une toute nouvelle ère du cinéma. Étant donné la prédominance de ce média dans la culture pop et la société en général, il est parfois facile d’oublier que le cinéma est l’une de nos formes d’art les plus récentes.
Dans les années 1880, les films en noir et blanc étaient considérés comme des nouveautés, de courts extraits de mouvements bégayants qui fascinaient le public mais n’étaient pas considérés comme une véritable concurrence au théâtre ou à la littérature. Ce n’est que dans les années 1910, lorsque les sociétés cinématographiques se sont installées à l’ouest, que l’industrie cinématographique américaine a explosé. Au cours des vingt années suivantes, le cinéma est devenu une force puissante dans le divertissement américain. Le star system a évolué et a rendu célèbres les acteurs à l’écran, et le format est devenu une véritable forme d’art. Ces films étaient tous muets et en noir et blanc grâce à la nature toujours aussi primitive de la technologie. Ce n’est qu’en 1927 qu’un film est apparu et a introduit au monde le concept du film parlant, ou “Talkie”.
Contrairement à la croyance populaire, certains films antérieurs avaient inclus du son avant The Jazz Singer, mais il ne s’agissait que de courts sujets expérimentaux destinés à des expositions, ou de titres comme le drame Don Juan de John Barrymore qui présentait une partition musicale et des effets sonores synchronisés mais pas de dialogue parlé. Le grand attrait de The Jazz Singer était que le public pouvait voir Jolson chanter et parler, même s’il n’y a pas encore beaucoup de dialogue dans le film. Cet exploit cinématographique a été réalisé grâce à l’utilisation d’un système de son ancien, le Vitaphone. Créé par Warner Bros., Vitaphone était un système de son sur disque destiné principalement à fournir un accompagnement musical synchronisé aux films. Le son ne faisait pas partie du film lui-même. Les projectionnistes de l’époque passaient le film pendant que les disques du Vitaphone tournait sur une platine musicale fixée au moteur du projecteur et avait pour rôle de synchroniser le son et la projection.
Lorsque l’on parle de The Jazz Singer et de sa place dans l’histoire d’Hollywood, il est important d’aborder l’aspect le plus pernicieux du film : Le visage noir. La carrière de Jolson a été définie par ses performances dans Blackface et son imitation offensante du peuple et de la culture afro-américaine. Jolson a même été surnommé “le roi des artistes au Blackface”. Les spectacles de Blackface, ou “ménestrel”, étaient encore une partie importante du divertissement américain dans les années 1920, et c’est le principal attrait de ce premier film parlant. Jolson passe une grande partie du film avec le visage peint en noir. Le point culminant du film voit Jolson en blackface chanter “My Mammy”, une chanson sur l’amour d’un homme blanc pour sa maman noire, à sa propre mère blanche. Bien que de nombreux films incluent et continuent à inclure des blackfaces, il est rare que ce soit le cœur et le but d’un film comme c’est le cas avec The Jazz Singer. Même le remake du film, sorti en 1980 et mettant en vedette Neil Diamond, inclut un blackface.
Ce n’est pas une coïncidence si les deux films connus comme les pionniers de l’Hollywood moderne – The Jazz Singer et Birth of a Nation de D.W. Griffith un hommage au Klu Klux Klan – sont tous deux des œuvres hautement racistes. Les racines de l’industrie cinématographique américaine sont ancrées dans le racisme et c’est un détail qui ne doit pas être négligé, surtout si l’on replace dans son contexte la façon dont Hollywood et le cinéma dans son ensemble sont devenus les mastodontes culturels qu’ils sont aujourd’hui.
Aujourd’hui le cinéma évolue notamment avec des films comme Black Panther où le casting est essentiellement composé d’acteurs noirs et qui a connu un succès planétaire (l’un des plus gros succès du box-office mondial rapportant 1,3 milliard de dollars de recettes pour un budget de 200 millions de dollars).
Même si le cinéma est en perpétuellement évolution lui aussi souffre des répercutions du COVID-19. Les salles obscures n’ont pas la cote depuis leur réouverture en juillet dernier. Seulement 4,8 millions de billets écoulés (-73,80%) sur cette période marquée par une faible programmation annonçait le Centre national du cinéma (CNC). Selon le CNC, depuis le début de l’année, la fréquentation a chuté de 64,30% et est estimée à 44 millions d’entrées.