Et si n’importe quel support pouvait être un champ d’expression pour les artistes ? Et si, quand on allait chez le coiffeur, on pouvait choisir devant quelle œuvre se faire couper les cheveux ?
C’est le pari original que s’est lancé Lucien Chézaud, gérant d’Actua à l’Ermitage, quand il a voulu moderniser son salon. Déjà, il a choisi uniquement du matériel de récup’ pour transformer son salon : des tablettes laquées, au bois de palettes pour les coiffeuses et les étagères, en passant par de la tôle ondulée chromée. « Je voulais proposer quelque chose de différent, et montrer qu’avec pas grand-chose, on peut faire quelque chose de bien et d’original », précise-t-il. II a donc fait appel aux Palettes de Marguerite Depuis, une association qui depuis cette année a initié un Chantier d’Insertion socio-professionnelle de publics en difficulté par la formation à la conception et à la réalisation d’objets mobiliers à base de matériaux de récupération. C’est ainsi que quatre jeunes du Port sont venus installer la semaine dernière l’ensemble du mobilier pour lequel ils ont également participé à la réalisation. Wilfrid Fontaine, l’un des Portois, se réjouit de sa participation au projet et du rendu final « J’étais chargé de la fabrication des supports de miroir. Il fallait démonter la palette entière, poncer et la remonter aux bonnes dimensions. Ça fait partie de mon travail. J’ai été agréablement surpris par la transformation en œuvre d’art. C’est nouveau pour nous de voir nos réalisations mises en valeur comme ça. Je me suis même demandé si c’était bien notre travail ! Une belle réussite ! À refaire ! ».
Mais le « truc en plus », c’est que l’art a également été invité à faire partie du concept. Quand Lucien Chézaud parle de son projet à Philippe Sidelsky, Architecte et Designer, et de « l’esprit palettes » qu’il souhaite donner au lieu, ce dernier lui dessine et modélise en 3D le salon et le mobilier. Il lui propose alors de faire décorer chaque palette par un peintre ou graffeur afin de présenter des coiffeuses personnalisées et donner un vrai esprit « ARTY » au salon. Philippe Sidelsy propose de réaliser lui-même une œuvre, et tous deux font ensuite appel à trois autres artistes de La Réunion. La peintre Sely, le graffeur Sept et l’aquarelliste Martine Monchablon rejoignent alors le projet. Une fois les supports créés, chacun a pu travailler sur sa pièce unique. Volontairement, Lucien Chézaud les a laissé créer chacun de leur côté, sans avoir vu les lieux, pour qu’ils puissent exprimer librement leur art sans être influencés.
Un concept à découvrir et à reproduire autant que possible !