Le passage à l’euro a t-il fait augmenter les prix ? Vous auriez la tendance à répondre positivement. Globalement, la réponse est non mais avec de grosses nuances liées à l’envol du coût de la vie.

C’était hier, à l’époque du franc. L’on pouvait se payer des petits beignets péï à 1 franc l’unité, ce qui équivaut à 0,15 euro actuellement. Aujourd’hui, un samoussa coûte 0,30 et 0,50 euro.

Certitude

Cette nouvelle conversion n’est pourtant pas arithmétique. Rappelons que lors de son lancement il y a 10 ans, un euro représentait 6,55957 francs. Globalement, avec l’exemple de la baguette de pain, on constate qu’il existe une baisse réelle du pouvoir en 2000 par rapport à 1990. En 2010, le pouvoir d’achat pour la baguette augmente de nouveau par rapport à l’an 2000. Localement, l'”indice samoussa” nous permettra de comprendre l’augmentation du coût de la vie à l’instar de l’indice baguette. Combien faut-il avoir en 2016 pour se payer 5 samoussas ? Bien plus qu’en 2000. C’est une certitude, le samoussa a – a priori – la même taille et la même recette qu’il y a 15 ans pourtant son prix nous laisse un goût amer. Il a été multiplié quasiment par 4. Avec cette tendance haussière, le samoussa à 1 euro semble être pour bientôt… Le samoussa risque d’être difficile à avaler.

Pauvreté

La réalité est implacable : le coût de la vie a augmenté à La Réunion et l’on doit faire avec. C’est une contrepartie du choix de vivre sous les tropiques. Selon l’INSEE, vivre sur l’Ile Intense vous coutera 36% plus cher qu’en Métropole. La Réunion bat des records en ce qui concerne le taux de chômage. Sur l’île, la vie est également chère. La pauvreté n’est pas si évidente à observer à La Réunion. Plus qu’ailleurs, il semble que la société de consommation y vit son âge d’or : temples de la consommation nouvellement inaugurés, véhicules neufs, équipement derniers cris dans les cases, etc. Le Réunionnais a fait sa révolution et a changé de mode de vie, de centres d’intérêts parfois de valeurs et de convictions.

Nouveaux modèles

Dans ce tableau plutôt sombre, il semblerait qu’une lueur d’espoir brille au loin avec de nouveaux comportements où l’on revient aux formules qui on fait les beaux jours de nos gramounes. Les systèmes D et la mode de la récup font fureur, les trocs – avec les bourses d’échanges – fleurissent, les actions collectives solidaires se multiplient. Le jour où le samoussa passera à 1 euro, il sera temps de bannir le modèle capitaliste pour se tourner vers de nouveaux modèles de société où la course à la consommation ne sera pas l’unique quête de bonheur.