Margaux Sita
Ce lundi 27 mai, date symbolique marquant la Journée nationale de la résistance et de la déportation, le maire Jeannick Atchapa a inauguré la place Michel Debré après de longs mois de travaux de réhabilitation. Ces travaux, d’un coût de 1,8 million d’euros, ont été financés par le Département et la Région. La cérémonie inaugurale s’est déroulée en présence des élus du conseil municipal, des élèves des écoles primaires de Bois de Couleurs (Rivière-du-Mât) et de Ma Pensée (Rivière-des-Roches), ainsi que ceux du lycée Paul Moreau de Bras-Panon. Étaient également présents Bernard Wacquiez, le fils du sculpteur, et Jean Atchapa, ancien conseiller municipal puis adjoint de feu le sénateur-maire Paul Moreau.
À l’issue du discours inaugural, la plaque du monument du souvenir, œuvre de Henri Wacquiez, a été dévoilée. Henri Wacquiez, en plus d’être un talentueux artiste et sculpteur-peintre, s’est illustré au sein de la Résistance française lors de la Seconde Guerre mondiale. Jean Atchapa, 88 ans et ancien élu de 1965 à 1995, a relaté l’historique de la place.
Témoignage de Jean Atchapa
Jean Atchapa, en tant que « mémoire vivante » de la ville, a offert un témoignage enrichissant. Il a rappelé la signification de la statue du Monument du Souvenir et décrit la place telle qu’elle était autrefois. « Cette statue, installée sur cette place aujourd’hui moderne, était autrefois, de 1965 à 1971, un vaste champ de cannes. Elle représente un soldat au front, sentant la fin proche. Avant de succomber sous les coups adverses, il se dénude et remet à Dieu sa vie et son épée, qu’il brise pour qu’elle ne tombe pas aux mains de l’ennemi, mais aussi en signe de paix, pour que plus jamais il n’y ait de guerre. C’est ce message de paix et de fraternité que la jeune génération doit retenir aujourd’hui », a expliqué Jean Atchapa.
Après la visite de l’exposition sur l’œuvre et la vie d’Henri Wacquiez, réalisée par Carole Payet, responsable des archives, Bernard Wacquiez s’est souvenu d’avoir dégrossi le bloc de pierre sous les ordres de son père avec les outils exposés sur la place dans des coffrets vitrés, conçus par Dominique Maillot du service technique.
Conclusion de l’inauguration
L’inauguration s’est achevée par le visionnage d’un film réalisé par les élèves de l’école Ma Pensée sur la signification d’un monument aux morts. Il y a eu aussi des expositions de l’atelier du label « classe engagée » du lycée Paul Moreau et des élèves de l’école Bois de Couleurs, ainsi que de l’atelier communal d’arts plastiques dirigé par Anne-Sophie Morin. Chaque établissement présent s’est vu offrir une réplique miniature du monument du souvenir, conçue par le Fab-Lab de Bras-Panon.
Henri Wacquiez : Un brillant parcours d’artiste et de résistant
Henri Wacquiez est né le 24 août 1907 à Chatou (78). À 16 ans, il achète ses premiers outils de sculpteur en 1923 et apprend la technique de la pierre et du bois, qu’il maîtrise avec brio, tout comme la peinture. Il a à son actif de nombreuses expositions en France.
- 1939 : Officier d’infanterie, il participe à la Seconde Guerre mondiale (1939-1945).
- 1946 : Décoré de la Médaille de la Résistance Française.
- 1947 : Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur, attribution de la Croix de guerre avec palme.
- 1948 : Citation à l’Ordre de la Division pour attribution de la Croix de guerre avec Étoile d’Argent.
- 1951 : Chevalier de la Légion d’Honneur.
- 1951 : Au Maroc, il crée l’École des Beaux-Arts de Casablanca, dont il est directeur jusqu’en 1982.
À La Réunion, Henri Wacquiez a eu un impact significatif :
- 1963 : Création de médaillons en bronze pour la Marine Nationale.
- 1964 : Conservateur du Musée des Beaux-Arts Léon Dierx à Saint-Denis de La Réunion.
- 1966 : Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques.
- 1968, 1976 : Expose au musée Léon Dierx.
- 1976 : Guide des visites culturelles pour Anne-Aymone Giscard d’Estaing.
Henri Wacquiez est décédé le 4 avril 1998 à Cannes, laissant derrière lui un riche héritage artistique et de résistance.
