Le 8 novembre, l’Assemblée nationale a approuvé une nouvelle mesure fiscale dans le cadre du projet de loi de finances 2025 visant à alourdir la taxation sur les vols aériens pour des raisons budgétaires et écologiques. Cette taxe, proposée par le gouvernement, entrera en vigueur le 1er janvier 2025 et sera appliquée pour une durée d’un an. Toutefois, grâce à un sous-amendement introduit par le député corse Michel Colombani, les territoires d’Outre-mer ainsi que la Corse seront exemptés de cette mesure.
Une victoire pour les territoires ultramarins
Cette exonération a été saluée par de nombreux élus des Outre-mer, dont la députée Nicole Sanquer, qui a exprimé sa satisfaction sur les réseaux sociaux : “C’est une victoire pour nos territoires qui dépendent du transport aérien pour garantir la continuité territoriale et leur développement économique. Nous espérons que le gouvernement ne reviendra pas sur cette décision.”
La taxe de solidarité, qui devait initialement s’appliquer à tous les vols au départ et à l’arrivée en France, menaçait d’alourdir le coût des billets d’avion, affectant ainsi les voyageurs ultramarins déjà confrontés à des prix souvent élevés pour se déplacer entre leurs îles et la France continentale. Avec cette exonération, les résidents de Tahiti, de La Réunion, de la Martinique, de la Guadeloupe, ainsi que d’autres régions ultramarines, pourront continuer de bénéficier de tarifs moins impactés par cette nouvelle mesure.
Un impact budgétaire et environnemental
Le gouvernement justifie cette taxation par la nécessité de rééquilibrer les finances publiques tout en contribuant aux objectifs environnementaux. Selon François Durovray, ministre des Transports, “cette taxe vise à la fois à renforcer les recettes fiscales de l’État et à encourager des pratiques plus durables en raison de l’impact environnemental du secteur aérien.”
Concrètement, la nouvelle taxe sur les billets d’avion s’appliquera uniquement aux vols intérieurs et européens, hors Outre-mer et Corse. Les tarifs pour les passagers en classe économique augmenteront de 2,60 € à 9,50 € pour les destinations européennes, tandis que les vols plus lointains verront une hausse allant jusqu’à 40 € par billet pour les trajets les plus longs. Cette augmentation pourrait rapporter près d’un milliard d’euros au budget de l’État, selon les prévisions.
La grogne des professionnels du secteur aérien
Si l’exonération pour les Outre-mers est une bonne nouvelle pour ces territoires, la taxation reste une source de mécontentement pour les acteurs du secteur aérien en France métropolitaine. Le syndicat national des pilotes de ligne, ainsi que plusieurs autres syndicats, ont lancé un appel à la grève pour protester contre cette mesure. Ils prévoient un rassemblement devant l’Assemblée nationale le 14 novembre pour exprimer leur désaccord.
Dans un communiqué commun, les syndicats dénoncent une taxation qu’ils jugent “mortifère pour les emplois, la compétitivité et la pérennité du secteur aérien français.” Les compagnies aériennes, déjà fragilisées par les conséquences économiques de la crise de la Covid-19, redoutent que cette taxe ne vienne aggraver leur situation, menaçant la reprise du secteur et les emplois qui y sont liés.
Quels impacts à venir ?
Cette nouvelle fiscalité pourrait, selon les experts, entraîner une augmentation des prix des billets d’avion, affectant potentiellement la demande en matière de voyages aériens. Toutefois, les territoires ultramarins resteront protégés de cette hausse grâce au sous-amendement adopté, ce qui garantit à leurs habitants un accès plus abordable aux vols vers la France métropolitaine.
L’exonération des Outre-mers de cette nouvelle taxe reflète la prise en compte par le gouvernement des enjeux spécifiques à ces territoires, où l’avion demeure le principal moyen de transport pour se rendre en France continentale. Toutefois, il reste à voir si la taxe sur les autres vols contribuera réellement aux objectifs budgétaires et écologiques sans compromettre davantage la compétitivité du secteur aérien.