Saint-Louis, 12 septembre 2024 – Un nouveau cas de chikungunya vient d’être confirmé à La Réunion, portant à cinq le nombre de personnes contaminées depuis la réapparition du virus le mois dernier. L’Agence Régionale de Santé (ARS) de l’île a alerté sur le fait que le chikungunya “circule à bas bruit”, suscitant des craintes quant à une éventuelle recrudescence de l’épidémie qui a frappé l’île de 2005 à 2007.
Un cinquième cas sans lien direct
Le cinquième patient, identifié à Saint-Louis, n’a pas voyagé récemment et ne semble avoir aucun lien avec les quatre premiers cas signalés à Saint-Gilles-les-Bains. Ce développement souligne une propagation locale du virus, bien que les autorités insistent sur les mesures mises en place pour éviter un nouveau pic épidémique. Selon le professeur Xavier Deparis, de l’ARS, “tout a été fait pour empêcher la propagation du virus”. Toutefois, les Réunionnais se souviennent avec appréhension de l’impact dévastateur de l’épidémie de 2005.
L’épidémie de 2005 : un traumatisme encore présent
Entre 2005 et 2007, La Réunion avait été durement touchée par une épidémie de chikungunya. Le virus, propagé par les moustiques tigres, avait contaminé près d’un tiers de la population. Les symptômes incluaient de fortes fièvres, des douleurs articulaires parfois invalidantes, et dans les cas les plus graves, des décès. Plus de 200 personnes avaient perdu la vie, et de nombreux patients avaient souffert de séquelles chroniques.
Ce souvenir est encore vif pour les habitants de l’île. “Je me souviens des files d’attente dans les hôpitaux, des équipes de démoustication qui passaient dans les quartiers… C’était une période terrifiante”, raconte Marie, une résidente de Saint-Paul.
Des mesures déjà en place, mais des inquiétudes grandissantes
Depuis l’apparition des premiers cas en août 2024, l’ARS a déployé des mesures de lutte antivectorielle dans les zones concernées. “Les opérations de démoustication ont été intensifiées dans le secteur Ouest et à Saint-Louis”, explique le professeur Deparis. Néanmoins, la population reste vigilante, d’autant plus que la fin de l’hiver austral n’est pas propice à la prolifération des moustiques, mais pourrait changer rapidement avec l’arrivée des fortes chaleurs.
Un vaccin à l’horizon
La réapparition du chikungunya à La Réunion pose aussi la question de la disponibilité d’un vaccin. Suite à l’épidémie de 2005, plusieurs laboratoires avaient lancé des recherches pour développer une protection contre le virus. Aujourd’hui, ce vaccin a obtenu l’autorisation de mise sur le marché par les autorités américaines et européennes, mais il n’est pas encore disponible dans les territoires français.
Selon Xavier Deparis, “le vaccin devrait être disponible d’ici quelques mois”. Un espoir pour la population, même si une épidémie majeure pourrait survenir avant sa mise en œuvre à grande échelle.
Vigilance requise
En attendant, l’ARS appelle les Réunionnais à suivre scrupuleusement les consignes pour limiter la prolifération des moustiques tigres : suppression des eaux stagnantes, port de vêtements couvrants et utilisation de répulsifs. La vigilance est de mise pour éviter de revivre le cauchemar de l’épidémie de 2005.
La situation reste donc sous surveillance, mais l’île espère ne pas revivre une crise sanitaire d’une telle ampleur.