L’extrême gravité des inondations au Pakistan invite les Réunionnais à procéder aux changements nécessaires, avec courage et sans délai. A la base, la civilisation qui a conduit à la destruction de la forêt tropicale réunionnaise est condamnée à disparaître.
Il y aura 26 ans, le 4 septembre 2022, que les élus communistes Paul Vergès et Philippe Berne ont lancé l’alerte sur « le réchauffement de la planète et ses multiples conséquences pour La Réunion ». Le message était clair : il faut passer de la connaissance scientifique à la décision politique mais les politiques doivent s’instruire des connaissances scientifiques pour tout remettre en cause.
Devenu sénateur, Paul Vergès a rassemblé ses collègues autour d’une proposition de loi qui fut votée à l’unanimité. Il y avait déjà des parlementaires très pointus dans le domaine mais c’est la démarche de rassemblement, sur une cause juste et de dimension historique, qui a permis un tel succès politique et idéologique.
L’intitulée de la loi témoigne: « Loi n° 2001-153 du 19 février 2001 tendant à conférer à la lutte contre l’effet de serre et à la prévention des risques liés au réchauffement climatique la qualité de priorité nationale et portant création d’un Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique en France métropolitaine et dans les départements et territoires d’outre-mer ». Ainsi naquit l’ONERC que Paul Vergès présida durant 15 ans, jusqu’à sa mort, le 12 novembre 2016.
Durant 15 ans, l’Observatoire a accumulé une somme de connaissances inouïes mises à la disposition des politiques avec des préconisations. Chaque année, le président de l’ONERC remettait au gouvernement français un exemplaire du rapport d’activité car c’est un engagement prévu dans la loi. Au-delà de ce rituel, Paul Vergès était à un poste d’observation qui disposaient des synthèses les plus avancées dans le monde. De là, découlent les projections sur le 21e siècle, ponctuées par 3 échéances : 2025, 2050 et 2100. Un exemple concret : les trajectoires « zéro carbone » à l’horizon 2050, avec un pic autour de 2030, c’est-à-dire dans 8 ans.
Les décisionnaires Réunionnais peuvent se donner un autre repère. En effet, les habitants qui auront 80 ans en 2100 sont déjà nés. Aujourd’hui, des outils de prospection existent pour garantir la dignité, depuis la naissance jusqu’à la mort. Cette démarche remet en cause la vieille école où l’élu décide et se moque des conséquences. Le choix d’une route aux pieds d’une falaise de 100 m de hauteur est un cas révélateur. Nous en sommes à la 3e version d’un ruban d’asphalte pour relier Saint Denis et la Possession, 2 points dont la distance n’a jamais varié !
L’an dernier, le 4 septembre 2021, au cœur des restrictions covid-19, le PCR avait organisé un meeting en visio-conférence, pour tirer les leçons du 25e anniversaire de l’alerte du 4 septembre 1996. Le 12 novembre 2021, au cimetière du Port, le PCR appelait à «… faire vivre la mémoire de Paul VERGÈS pour que personne n’oublie sa contribution à notre île et au monde, poursuivre ses combats inachevés, tout en menant les luttes qui relèvent de notre temps… ».
Cela suppose que les Réunionnais, à travers leurs organisations politiques, dont le PCR, élaborent et rendent public leurs « instruments de ratification » du Traité sur le Climat, document désormais opposable à l’Etat, les Collectivités, les Entreprises, les Associations et les Citoyens. Il est trop tard pour penser arrêter les phénomènes extrêmes, comme au Pakistan, mais nous pouvons atténuer leur effets dévastateurs par les dispositions de prévention. Dans un mois, nous entrerons dans la période des cyclones.