Le nom bien gentillet de Jenny sonne comme un souvenir douloureux aux Réunionnais. Il ne lui a fallu 2 heures pour semer la désolation sur l’île. Petit flashback.
Cyclone intense
Diego Garcia, le 25 février 1962. Une dépression d’envergure se forme. L’océan Indien vient de sortir de la période de colonisation, les Français ont préalablement installé quelques postes d’observation. Malheureusement, ils ne relèvent pas encore l’intensité du phénomène. Les instruments scientifiques étaient assez rudimentaires et peu nombreux. 27 février. La dépression Jenny s’est muée en cyclone intense. Si son diamètre demeure faible, sa vitesse est exceptionnelle. Jenny épargne Rodrigues mais continue sa lancée vers l’ile Maurice et La Réunion.
Piège
28 février 1962. A 7h30, la RTF diffuse un bulletin météo qui n’est pas suffisant pour alerter toute la population. 11 heures. Le ciel réunionnais s’assombrit quelque peu, mais les familles sont habituées, car l’on est en pleine saison des pluies. La veille, l’île Maurice est placée en alerte, à la Réunion la vie suit son cours normal. L’on a vent du cyclone qui se déplace mais il est encore assez loin des côtés réunionnaises et les habitants de l’île vaquent à leurs occupations quotidiennes. Les employés des bureaux partent travailler, les pêcheurs vont à la mer et les élèves profitent de leur dernier jour de vacances. Quelques jours auparavant, le ciel était exceptionnellement bleu. Le piège tendu par Jenny est parfait.
Bourrasques
Coup de tonnerre, le cyclone attendu à 14 heures déferle à midi trente sur les côtés réunionnaises. Tous les pêcheurs partis au large n’ont pas eu le temps de ramener leur embarcation. 9 pêcheurs périront en mer. Les bourrasques emmenées par Jenny frôlent à certain endroit les 280 km/h. Le passage de l’œil du cyclone permet une petite accalmie à 13h30. Un instant plus tard, les vents soufflent de nouveau. Jenny traverse l’île en moins de 2 heures s’éloignant aussi vite qu’il est venu.
Le bilan est lourd : 37 morts,150 blessés et 13 000 personnes sont sans abris. Un village est rayé de la carte : le village des « Galets » situé entre Sainte-Anne et St-Benoit.
Coupables
Le lendemain du drame, on cherche le ou les coupables. La presse de l’opposition tire à boulets rouges sur le préfet Perreau-Pradier qui pointe du doigt à son tour le chef du service météorologique. Le passage de Jenny reste comme un épisode marquant et douloureux de l’histoire contemporaine réunionnaise. Actuellement, la multitude d’instruments de relevés météorologiques permet d’anticiper ce genre de phénomène et d’éviter que les drames de tel acabit ne surviennent à nouveau.