Il y a quelques jours, Marie*, 8 ans, a failli commettre l’irréparable. En effet, les secours interviennent sur une enfant en détresse, qui a essayé de mettre fin volontairement à ses jours. Pour cause : Marie est une enfant en souffrance car victime de violences physiques sur sa personne…par sa propre maman.
Comme Marie*, ils sont près de 4000 enfants sur l’île de La Réunion à être victimes, victimes de violence physique, sexuelle, morale… un chiffre en perpétuelle augmentation depuis quelques années. Les derniers chiffres collectés par les associations spécialisées sont alarmants : près de 2 à 3 enfants par classe sont victimes ou ont été victimes d’inceste ou de violences sexuelles au sein de leur famille.
Plus encore, à La Réunion, et “contrairement à ce qu’on peut croire, près de 80 % des personnes incarcérées pour des violences infantiles sont des femmes”, selon un responsable pénitencier.
Ces situations de violences infantiles ont augmenté considérablement pendant le confinement Covid-19. Des chiffres qui font froids dans le dos au regard d’une île comme la nôtre, qui de surcroît connait un autre fléau qu’est l’alcoolisation aigüe. Deux fléaux qui se rejoignent puisque l’un étant souvent causé à la suite de l’autre.
Et pourtant, “malgré les chiffres alarmants dans notre département, on peut légitimement s’interroger sur les actions concrètes des pouvoirs publics locaux contre ce fléau : peu de communication à ce sujet, sensibilisation inexistante aujourd’hui, un numéro vert qui n’est pas adapté à notre île, des enfants victimes dont la parole est décrédibilisée par les autorités” dénonce un responsable associatif, avant d’ajouter que “le sujet des violences infantiles devra être présent voire au centre des programmes électoraux lors des prochaines élections départementales “.
“Nous devons revenir à une sensibilisation auprès du grand public, une prévention intelligente et efficace envers les enfants mais aussi dirigée vers les professionnels de santé et enseignants mais aussi auprès des institutions judiciaires, trop peu souvent formés et sensibilisés” précise-t-il.
Il faut le savoir les violences commises contre les enfants sont sévèrement punies par la loi, a fortiori lorsque l’auteur est un parent ou un proche de la victime.
Rappelons que c’est un devoir légal pour tout citoyen ou professionnel de signaler toute situation où un mineur est en danger.
Que faire si vous êtes témoins de violences infantiles :
– Adresser un courrier ou un email à la Cellule de recueil des informations préoccupantes (CRIP) au sein des services du Conseil départemental de La Réunion : une équipe pluridisciplinaire de professionnels est chargée de recueillir toutes les informations préoccupantes concernant des enfants, d’évaluer les situations de danger, et de déclencher, si besoin, des mesures de protection.
– Contacter une association de défense des enfants victimes de maltraitances : Elles ne sont que deux sur l’île (spécialisées uniquement dans le domaine infantile) à savoir l’Association EPA et l’Association “Grins d’Ciel “.
*Prénom d’emprunt