Nous sommes en 1811, à La Réunion. Depuis quelques années, le feu couve dans le rang des marronniers et dans la société coloniale. Depuis juillet 1810, l’île est occupée par les Anglais qui ont aboli la traite dans leurs colonies en 1807. Mais les “maitres” ne sont pas inquiétés.
La situation est extrêmement tendue sur l’île et le traitement inhumain infligé aux maitres aux esclaves met le feu aux poudres : l’absence de salaire et de repos et le non-respect du dimanche et des jours de fêtes. Les esclaves se soulèveront durant une journée fatidique. Le vendredi 8 novembre, les esclaves se dirigent le vers l’habitation de Jean Macé, un propriétaire terrien et propriétaire d’esclaves. L’homme leur fait face, armé de son fusil. Il tire sur les assaillants à bout portant. Mais les insurgés auront le dessus. Ils épargneront sa femme et son enfant sous l’impulsion d’Elie, leur leader.
Les insurgés s’en prennent ensuite à l’habitation d’Armel Macé, frère de Jean Macé. Le mouvement est en route. A son tour, Armel Macé est tué : il sera rattrapé et lapidé puis tué d’un coup de hache par Élie. Les insurgés s’en prennent aux autres propriétés en enjoignant les esclaves fidèles aux maîtres à rejoindre leur action. Ils se rendent vers Saint-Leu, armés de massues, gourdins ou haches face à des colons qui possèdent des fusils.
La résistance des colons viendra de Fougeroux, gérant de l’établissement Boiscourt et ancien sergent. Les habitants du quartier veulent agir vite et reprendre en mains la situation. Les colons possèdent suffisamment de fusils (des mousquets et des pistolets) pour faire face à l’explosion de colère des esclaves. L’attaque est lancée par une armée de fortune constituée de 42 personnes. Fougeroux lance alors les hostilités contre les esclaves au nombre de 300 à 400 personnes.
Le bilan de la répression est terrible : entre cinquante et cent esclaves tués et vingt-cinq peines de morts prononcées. Les révoltes d’esclaves ont été fréquentes à La Réunion, mais la plus importante reste sans aucun doute celle du 8 novembre 1811 à Saint-Leu. Aujourd’hui, un Monument aux esclaves révoltés de 1811 est dressé à Saint-Leu pour ne jamais oublier le régime barbare colonial.