Toulouse, en 2001, puis Beyrouth en 2020. Le point commun de ces accidents industriels qui sont restés dans les mémoires : le nitrate d’ammonium. Le site de Bois Blanc, à La Réunion, abritera également quelques tonnes non négligeables de cette substance dangereuse, s’il est ouvert.
Mesures de précaution
Pour rappel, la double explosion qui a secoué Beryrouth, la capitale libanaise, a occasionné un bilan humain très lourd : plus de 100 personnes ont été tuées et plus de 4 000 autres blessées. Le ministère de la santé libanais a fait état d’au moins 78 morts. Un incendie en cours dans des bâtiments sur les quais du port de Beyrouth a entraîné une explosion a provoqué un souffle massif et une très haute colonne de fumée dans le ciel.
L’explosion a vraisemblablement été occasionnée quand le feu a atteint un entrepôt contenant le nitrate d’ammonium. « Il est inadmissible qu’une cargaison de nitrate d’ammonium, estimée à 2 750 tonnes, soit présente depuis six ans dans un entrepôt, sans mesures de précaution. C’est inacceptable et nous ne pouvons pas nous taire sur cette question a déclaré le premier ministre libanais, Hassan Diab. Ce qui s’est passé aujourd’hui ne passera pas sans que des comptes soient rendus ». Les autorités libanaises ont donc clairement identifié l’origine du sinistre, même si les enquêtes devraient permettre de clarifier les zones d’ombre. Mais ce ne serait pas la première fois que le nitrate d’ammonium serait impliqué dans une catastrophe majeure. La substance serait impliquée dans plusieurs accidents industriels notamment la catastrophe d’AZF à Toulouse en 2001 qui avait été à l’origine de la mort de 30 personnes.
Polémiques
Plus près de chez nous, le 28 décembre 2018, le préfet avait donné son feu vert pour l’exploitation de roches massives dans la carrière de Bois blanc destinées uniquement au chantier de la Nouvelle route du littoral, après les polémiques suscitées par les roches malgaches. L’arrêté préfectoral mentionne le site ipreunion avait détaillé la quantité théorique que le site pourrait abriter.
« Dans l’arrêté préfectoral, il est stipulé que sur les quatre années et demi d’exploitation de la carrière, 340 tonnes de nitrates d’ammonium pourront être stockées. Logiquement, ces 340 tonnes ne seront pas stockées au même moment sur le chantier. Plus clairement, cela veut dire qu’au fur et à mesure du chantier, le promoteur ne pourra pas amener plus de 340 tonnes au total sur les quatre années et demi sur le site », note le média.
Aménagement du territoire raisonné
La forte résistance des communautés riveraines avait contraint les autorités à revoir leur plan. Le 15 avril dernier, le Conseil d’Etat avait donné raison aux opposants à en ayant suspendu l’arrêté préfectoral qui autorisait le défrichement, et donc ensuite l’exploitation, de la carrière de Bois-Blanc, confirmant l’ordonnance du Tribunal administratif de La Réunion en avril 2019.
Un énième rebondissement dans l’affaire est survenu le 11 juin dernier. La carrière de Bois Blanc a été intégrée dans le schéma d’aménagement régional de La Réunion (SAR) par arrêté préfectoral. Des carrières qui devraient permettre de fournir en roches massives le chantier de la Nouvelle route du littoral. Ce qui avait fait réagir le collectif « Touch Pa nout Roche ».
« Forts de ces 5 années de lutte et des décisions de justice en notre faveur, nous ne reculerons pas devant l’entêtement de la préfecture et de la région à creuser la zone fragile de Bois Blanc. Nous nous battrons, ensemble, et sur tous les fronts. Les décisions de quelques personnes en haut lieu, qui s’opposent au Droit afin de faire faire toujours raisonné ne font qu’aller à l’encontre d’un aménagement du territoire raisonné », avait-il déclaré.
La catastrophe de Beyrouth devrait servir de signal d’alerte concernant le projet. Même si les conditions sécuritaires ne sont pas les mêmes, nous ne sommes jamais loin de la catastrophe. C’est une raison de plus allant dans le sens des opposants de ce projet à La Réunion.