C’était un fameux vendredi 23 août 2019. Durant une émission télévisée à fort taux d’audience, « The Voice Kids », Soan va figer le temps. Ce jeune Réunionnais de 11 ans va interpréter de manière magistrale une chanson de Jean-Claude Viadère qui date de 1977 : « La pli y vé tombé ». Le temps suspend son envol. Une voix et un instrument suffisent. Un père et son enfant subliment la culture maloya.

350 ans d’histoire remontent à la surface et est proposé au téléspectateur de TF1 et, plus tard, sur les réseaux sociaux via Facebook et YouTube le temps d’une prestation musicale historique. Jamais le maloya ne sera à pareille fête : cette culture est interprétée sur une chaîne nationale à une heure de grande écoute.

C’est une fierté pour l’auteur qui n’aurait jamais imaginé que son morceau puisse être interprété par un enfant qui a su préserver l’héritage du tan lontan difficile et authentique, sur une île perdue dans l’hémisphère sud, au sud Est de l’Afrique.

Le morceau est loin des standards et des classiques. C’est tout d’abord une complainte. Il parle d’un passé difficile tout en espérant des lendemains meilleurs, comme si le meilleur restait à venir. Et puis, dans un second temps, la libération arrive grâce à la pluie qui apporte le bonheur. La chanson a été exécutée par Soan comme une incantation sacrée.

Le choix du petit crack réunionnais détonne. Normalement, les petits chanteurs qui montent à la capitale choisissent souvent la voie classique : les classiques de la variété française ou international. D’aucuns n’auraient jamais pu oser imaginer qu’une chanson en créole allait frapper droit au cœur. Soan fait mouche. Les cris du jeune chanteur entraînent notre imaginaire dans les champs de coton ou de café. Ils rappellent le morceau de Davy Sicard « Granpèr té sï mon zépol ».

Soprano buzze 4 fois et se retourne tant il est surpris par ce qu’il entend. « Ca m’a bouleversé ! Jamais je n’aurai cru que ce genre de musique arrive ici ! », se réjouit le rappeur encore enivré par la musique. Il dit trois fois merci à Soan. Il affirme même que « cette musique était de ma famille ». Ce n’est pas si étonnant pour ce rappeur d’origine comorienne, archipel qui se trouve à 1 600 km au nord de La Réunion.

Soprano s’est retourné en premier car il a compris avant les autres juges que ce qui se passait durant ces auditions était de la pure magie : la France brille qui brille par sa diversité. Les métropolitains ont parfois tendance à l’oublier : l’outre-mer, c’est la France aussi. Le Zouk ou le Maloya sont des musiques françaises d’abord. Avec des émissions comme The Voice Kids, La Réunion et d’autres régions d’outre-mer rappellent leurs cultures trop longtemps oubliées.

Soan sera finaliste de the Voice kid. Au-delà de son succès, il a aussi suscité des vocations. Depuis sa participation à The Voice Kid, de nombreux jeune tentent leur chance aux radios crochet de l’île. D’autres découvrent la culture réunionnaise authentique.