Mario était un esclave appartenant à un riche propriétaire de Sainte-Marie. Souvent battu par son propriétaire, il caressait le rêve de retrouver sa liberté. Un jour, il prit la décision de s’enfuir. Malgré les années qui s’étaient écoulées, les traqueurs ne l’avaient pas lâché. La légende raconte qu’acculé dans une grotte, Mario a pu échapper à ses tortionnaires grâce à la Vierge Marie qui l’avait protégé, par le biais d’un bougainvillée.
Les chasseurs s’approchèrent de Mario et soudain les branches de l’arbre recouvrirent en quelques secondes toutes les parois du rocher dans lequel il se cachait. Les branches épineuses de la liane formèrent un tel fouillis que ni les haches, ni les sabres des chasseurs surpris et furieux ne purent en venir à bout.
Des années passèrent, sous des pierres on découvrit un jour le squelette de l’ancien « marron » et, au-dessus des restes desséchés, la petite Vierge d’ébène. La caverne fut déblayée et pieusement restaurée, on se garda de toucher aux bougainvillées miraculeux qui ne cessent de fleurir.
Cette légende est l’une des plus emblématiques du marronnage à La Réunion. L’île porte encore les stigmates de nombreux siècles d’esclavage. Même si la société tente tant bien que mal d’avancer dans sa diversité, ces cicatrices sont encore douloureuses et rappellent par moments le triste sort des afro-américains. Une certaine frange de la population est constamment stigmatisée et subit des violences aussi bien sociétales qu’économiques. La condition du « Noir » dans le monde est encore très difficile, même dans les pays développés. Bien que l’esclavagisme fût aboli, d’autres chaines autrement plus lourdes entravent l’épanouissement de nombreuses personnes, dans le monde entier.
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