C’est Noël. Juste après l’incontournable dîner chez sa mère, une femme entre deux âges reste coincée dans l’ascenseur avec tous ses cadeaux-rebut.
Elle l’a sur l’estomac, ce dîner, il ne passe pas. Pas plus que sa vie, d’ailleurs. Et la voilà coincée dans ce tube comme les foies de volaille dans son intestin. Va se mettre en place un lent, mais parfois violent processus de digestion de ce qu’elle a caché depuis toujours pour pouvoir continuer à vivre. Comme l’a si bien formulé Gaston Bachelard, dans cet «horrible en dedans en dehors » des paroles non formulées, des intentions d’être inachevées, l’être à l’intérieur de soi digère lentement son néant. Cela va-t-il permettre à cette chrysalide passée d’âge de devenir papillon ?
Être seule sur scène, face à une salle pleine, est un exercice spécifique qui demande expérience et audace, le comédien se livre et s’offre à cette béance noire qu’est le parterre avec, pour recul, un fond de rideaux refermés sur le vide. Moment périlleux s’il en est, confrontation sans filet avec un texte, c’est un moment de vérité.
La vérité est justement au cœur de cette courte pièce : le titre nous annonce un « duo », il n’en est rien, ou plutôt si, il plane dans ce monologue un personnage envahissant, qui pollue la mémoire et l’existence, un fantôme au présent, la mère.
Et c’est bien le thème de l’enfermement qui est ici traité dans cette pièce écrite par Sabbatta elle-même : nous pouvons penser à l’image spiralaire de l’escalier qui emmène vers des profondeurs infernales dans le film Vertigo d’Hitchcock. C’’est un long cri de désespoir que cette pièce, même si l’humour vient y grincer comme un rouage ironique.
Sabbatta donne cœur et âme à cette aventure cruelle de la scène, avec des fulgurances d’émotion qui sont sa force. Elle est une habituée des plateaux : elle sait tirer parti d’un rôle. Mais s’y ajoute ici de cette intensité venue du fond de soi, qui fait mouche et vient piquer le spectateur dans sa propre sensibilité.
Nous sommes face à un moment de théâtre difficile et qui chemine dans le juste ; un temps qui interroge ; une comédienne qui est à la bonne place au bon endroit, chez elle, en milieu connu et surtout, capable de dépasser les techniques du jeu pour donner de son authenticité personnelle !
Rien n’est essentiel, que le théâtre, quand il nous emmène dans les arcanes de nos émotions et qu’une voix de vérité vient soutenir un texte.
Une tragi-comédie de et avec Sabbatta à partir de 12 ans sous le regard complice d’Olivier Martin, le vendredi 2 juin à 20h
Infos pratique
Théâtre d’Azur
87 rue du Général de Gaulle
97430 Le Tampon
Comment trouver le théâtre : Sur la rue Général de Gaulle, prendre direction Trois Mares, laisser La Poste et le lycée sur votre droite, puis à hauteur de la supérette et du camion pizza du côté gauche de la route, tourner à gauche dans la ruelle qui longe la supérette. Le théâtre est à l’arrière du bâtiment.
Téléphone : 02 62 27 65 16