Après des semaines d’atermoiement, le gouvernement semble enfin avoir pris la mesure de la crise que traverse la Guyane, alors que le mouvement social dure depuis plus de dix jours. La délégation ministérielle qui a été envoyée sur place a eu du mal à démarrer les négociations. Il aurait fallu que Ericka Bareigts, la ministre des outre-mer, fasse preuve d’humilité pour que les manifestants acceptent d’engager les dialogues.  Devant la presse, Gaëlle Lapompe Paironne, membre de la délégation reçue en préfecture, interpelle Ericka Bareigts : « Mme la ministre de la Réunion, le peuple guyanais vous demande de vous excuser. Nous pouvons comprendre la bêtise, nous ne pouvons pas comprendre le mépris. »

La ministre réunionnaise ne s’est pas défilée. « Si j’ai blessé la Guyane, je ne sais de quels maux, mais si j’ai blessé la Guyane, alors ça ne sera pas moi, Ultramarine, qui reculera devant des excuses, a-t-elle déclaré. Pour beaucoup de choses, si on s’était excusé, peut-être qu’on aurait avancé beaucoup plus sereinement et qu’on n’en serait pas arrivé là aujourd’hui ». Ces excuses officielles ont fortement inversé la tendance à Cayenne, où le déplacement des deux ministres, arrivés mercredi soir, s’était fait dans une ambiance électrique.

La vidéo de Lapompe Paironne se jetant dans les bras d’Ericka Bareigts restera comme une image forte de ces débuts de négociations. Ericka Bareigts va réitérer ses excuses sur le balcon de la préfecture devant une foule dense. La délégation guyanaise a apporté plus de 400 pages de propositions aux deux membres du gouvernement. En parallèle, une « veille ministérielle » a été mise en place à Paris pour « parvenir à des arbitrages » sur les principaux points réclamés par les manifestants conduits par les collectifs locaux, notamment celui des 500 frères.