L’histoire des Enfants de la Creuse constitue un débat social et sociétal qui n’en finit pas. Cette décision qui remonte dans les années 60 continue à hanter les esprits. De 1963 à 1982, 1 630 enfants réunionnais « abandonnés ou non » et immatriculés de force par les autorités françaises à la Direction départementale des Affaires sanitaires et sociales, furent déplacés par les autorités dans le but de repeupler les départements métropolitains victimes de l’exode rural. Ce déplacement d’enfants fut organisé sous l’autorité de Michel Debré, député de La Réunion à l’époque.
Régulièrement, des personnes, homme ou femme, découvrent qu’ils sont issus de cette émigration « forcée » comme la Creuse, le Tarn, le Gers, la Lozère, les Pyrénées-Orientales. Valérie Andanson, fait partie de la longue liste. Elle a témoigné sur la chaîne France 2, dans l’émission Mille et une vies. Valérie Andanson est née en 1963 à La Réunion. Comme des milliers d’autres enfants réunionnais, elle a ensuite été adoptée en France, en vue de repeupler les campagnes. C’est à l’âge de 16 ans qu’elle découvre la vérité.
« Je suis tombée sur un papier qui me disait mes parents ne sont pas mes vrais parents et que j’ai été adoptée. Cela a été pour moi la douche froide. Je me disais que ce n’était pas possible. Je me suis assise sur le lit et j’ai craqué. Toutes mes questions par rapport à ma couleur de peau avaient eu leur réponse », explique-t-elle quand le journaliste lui demande de revenir sur ce jour fatidique. Valérie Andanson décide de revenir et de visiter son île natale. « La première fois à La Réunion, je voyais les montagnes. J’étais partie en famille pour en retrouver certains membres de ma racine originelle. Mais j’étais déboussolée », confie-t-elle.
L’histoire de la femme souligne l’épreuve que doivent endurer ces Enfants de la Creuse et la dualité qu’ils doivent vivre. « Il était tellement martelé dans l’esprit que ma maman était creusoise et que vie était à la Creuse. Si bien qu’une fois arrivée à La Réunion, cela a été le rejet. J’étais seulement spectatrice ». La pauvreté dans laquelle vivaient ses membres de famille à La Réunion l’a également marquée. « Je vois la case en tôle où je suis née. A la Creuse j’avais une belle vie. J’avais senti la pauvreté dans ma famille », se remémore-t-elle. Elle dresse également les murs qui sont érigés devant ces enfants « déracinés ». « Ma tante me parlait en créole, je ne comprenais rien du tout. J’avais fait un rejet de cette racine. Ma famille réunionnaise est tellement pauvre mais elle a la main sur le cœur. Je suis rentrée et j’avais vraiment senti que j’étais de la Creuse ». Après ce combat pour connaitre ses origines, Valérie Andanson milite pour aider les autres enfants à retrouver leurs racines.
Crédit photo et vidéo : Mille et une vies