En 2015, l’Etat avait décidé de baisser aux collectivités territoriales. Une reculade amorcée en 2014 à hauteur de 1,5 milliard d’euros et poursuivie l’année dernière pour 3,47 milliards d’euros.
La première fois, total des transferts financiers de l’État est en net recul. Diverses contraintes financières ont pesé sur la gestion des collectivités locales. Pour affronter tous ces traumatismes, elles ont fait appel à leur contribuable de manière très prononcée. Elles ont accru les impôts locaux, pour faire simple. Cet exemple est flagrant dans nos diverses communes.
Charges
Pour la cour de comptes, « les dépenses de fonctionnement (des collectivités territoriales) se sont ralenties en raison des baisses des achats de biens et de services, et des subventions versées, ainsi qu’à l’infléchissement du rythme de progression des dépenses de personnel. Globalement, la situation financière des collectivités locales s’est améliorée. Leur épargne a cessé de diminuer. Elles ont néanmoins encore réduit leurs dépenses d’investissement. Bien que leur besoin de financement ait reculé, elles ont accru leur endettement ». Cette remarque est issue du Rapport sur la situation financière et la gestion des collectivités territoriales et de leurs établissements publics, publié ce mardi 11 otobre. Que doit-on retenir du rapport de la Cour des comptes en ce qui concerne l’île intense? Comme 15 autres régions de la France, La Réunion a connu une hausse de ses produits de fonctionnement de 0,3 %. Les charges de fonctionnement ont été stabilisées à – 0,5 %. Les subventions de fonctionnement versées, qui avaient connu une quasi-stabilité en 2010 et 2011, puis de légères baisses au cours des trois années suivantes, sont reparties vivement à la hausse (+ 6,6 %), atteignant un niveau inégalé sur l’ensemble du territoire français. Or, La Réunion était un peu à la traine. Comme huit régions, la Région Réunion a versé moins de subventions (- 5,6 %) par rapport à 2014.
Eparge brute
En revanche, l’épargne brute ne s’est pas érodée comme dans presque toutes les autres régions de la France. A travers les grands projets menés, la croissance de l’investissement a bondi de 34 % à La Réunion. Ce qui est très important. L’une des informations majeures délivrées par le Cour des comptes est l’envol des encours de dette réunionnais qui ont atteint près de 62 %. Didier Robert, le Président de Région, explique sur ce point que « ce résultat est à mettre en perspective avec la baisse des dotations d’État (…) d’une part, et avec la réalisation de la Nouvelle Route du Littoral (NRL) d’autre part. Le poids financier de cet investissement majeur de la mandature (correspondant essentiellement à l’augmentation de 62% des dépenses d’équipement) impose une rigueur de gestion dont la traduction se retrouve dans les soldes précités ». La NRL pèse donc dans les finances de la région et incite une pression fiscale plus importante.
Equilibrer les comptes
Le rapport insiste sur un potentiel fiscal élevé dans deux communes de La Réunion. Le potentiel fiscal variait tout de même de 684 euros par habitant à Saint-Paul de La Réunion à 1 400 euros à Saint-Denis de La Réunion. En 2015, sur les communes de plus de 100 000 habitants, le potentiel fiscal de Saint-Denis de La Réunion est donc le plus élevé. Pour le Président de la Région Réunion, « les constats confirment que le contribuable local s’est clairement substitué au contribuable national durant l’année 2015. La concomitance de ces phénomènes montre la sensibilité des collectivités locales à de tels chocs de réduction budgétaire et l’effet amplificateur macroéconomique désastreux des solutions mise en œuvre au niveau de l’État. » En somme, pour équilibrer les comptes, les contribuables réunionnais ont pris la place des nationaux. La faute est clairement imputable à la baisse des subventions.
Crédit photo : Stéphane D