Zekler est un habitué du système judiciaire. Depuis des décennies, il joue au chat et à la souris avec la justice. « Depuis 14 ans, vous n’avez jamais pris la peine de repasser votre permis », s’insurge le ministère public lors d’une audience. Une peine de huit mois de prison ferme avait été requise contre le ségatier qui avait une nouvelle fois conduit sans permis. L’homme est connu pour se balader dans toute l’île en voiture sans avoir le permis. Il ne veut pas s’assagir. C’est peut-être un signe de résistance…
Peut-être que l’art de Zekler trouve sa quintessence dans ces fréquents moments troubles de sa vie. Parce que l’homme est d’abord un artiste. C’est un patrimoine musical réunionnais, nonobstant ses écarts de conduite dont il est coutumier. Ses œuvres, parfois poignantes et empreintes de « vécu », chantent ces galères.
Dans son opus explicite intitulé « La prison » – peut être l’une de ses meilleures chansons – l’artiste y égrène sa vie et les causes de ce cercle infernal. Il raconte une enfance difficile. « Je n’étais pas voleur, j’étais peut être un bagarreur ». Avec malice, il note que « son cadeau, son jour de son anniversaire, est la venue de 5 gendarmes qui l’ont conduit à la maison d’arrêt ». Dans le morceau, il dépeint de manière poignante les dures réalités de la prison. « Le jour de noël et le jour de l’an, il est difficile d’être coincé entre 4 murs », s’épanche-t-il. « La prison n’est pas faite pour moi ».
Zekler raconte son histoire qui peut être assimilée à celle de milliers d’enfants et d’adolescents coincés dans le rouage infernal de la violence et d’une société impitoyable. A la différence, l’artiste bénédictin chante sesdouleurs avec force et avec la sensibilité « ensoleillée » du séga…