Le débat sur la place de la femme dans l’Église catholique est à son comble. Comme nous l’avons souligné, le pape François a mis en place une commission d’études sur le rôle des femmes diacre dans l’histoire. Elle est composée de treize membres, dont six femmes, pour la plupart européennes ou américaines. Sa mission sera d’examiner le rôle des femmes qui ont occupé ces fonctions aux « premiers temps de l’Église ».
Cette ouverture nourrit les débats aussi bien ailleurs qu’à La Réunion où la religion catholique occupe une place majeure dans la société. Pour pouvoir débattre la question, le journal télévisé de midi trente de Réunion première a organisé une interview en direct avec le référent de l’Église catholique locale : Monseigneur Gilbert Aubry, évêque de La Réunion. L’entretien ne se déroulera pas exactement comme prévu.
D’emblée, la présentatrice veut connaître la position de l’évêque par rapport à l’ouverture du diaconat aux femmes avec des termes sans équivoque : “vous êtes dans quel camp ?” (Elle sous-entend dans celui des pour ou des contre). L’évêque tient à noter que “le sujet ne divise pas l’église” avant de parler de l’historique des “diaconesses” au sein de l’Église. Il distingue clairement “diaconesse” et “diacre”, par son exposé.
La journaliste continue sur sa lancée et reformule la question : “que des femmes deviennent diaconesses. Quelle est votre position ?” L’évêque de La Réunion commence visiblement à s’impatienter. Le ton monte. “Le pape est clair, une commission va être mise sur pied concernant les femmes diaconesses”, argue-t-il. La journaliste relance une énième fois, ce qui a le don d’agacer Monseigneur Aubry. “Visiblement, vous dites des bêtises, il n’y aura pas de femmes qui préside l’eucharistie ». Les femmes n’accéderont pas au diaconat. Vous êtes têtue, je vous dis non !” Tance l’homme d’église qui perd son sang-froid en direct.
Visiblement, soit la journaliste n’a pas compris les différences entre diacre et diaconesse – expliquées par l’évêque – soit elle a voulu mener la logique de l’entretien jusqu’au bout : celle de connaître la position de Monseigneur Aubry sur la question.
En tout cas, sentant le désir de la présentatrice de mettre fin à l’interview, l’évêque de La Réunion assène une petite pique : “c’est du direct hein, quand vous ne voulez pas entendre, vous n’entendez pas ! (le pape François) N’ait jamais parlé de femmes diacres” conclut-il avant de se terrer dans un bref silence au grand désarroi de la présentatrice.
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J’ai beau écouter et réécouter la vidéo qui met ébullition la journaliste, je me rends compte que l’entêtement est bien du côté de la dame journaliste qui s’empêtre dans son petit catéchisme. Entêtement dû à son esprit borné. Elle se lance, tête première, dans un sujet qu’elle ne maîtrise pas. L’évêque dit bien que, jusqu’à présent, il n’y a pas eu de femmes diacres. C’est parfaitement vrai. La dame insiste lourdement en gardant sa jolie trouvaille. La dame têtue, c’est bien elle. Une commission va se pencher sur la place de la diaconesse et elle sera peut-être à l’égal du diacre, auquel cas on pourra parler de femme diacre. Pour l’instant, non ! Mais je pense qu’on aura beaucoup de peine à franchir l’étape qui la conduira à être l’égal du diacre actuel. L’imposition des mains par l’évêque n’est pas pour demain.
Notre préposée élargit le problème en demandant si une diaconesse pourra baptiser un enfant. Qu’elle sache que n’importe quel baptisé pouvait baptiser en cas d’urgence, notamment la sage-femme. C’est l’ondoiement, qui n’empêche pas plus tard le baptême traditionnel si bambino sourit à la vie. En réalité, actuellement, cela ne se fait pas; mais je crois savoir que rien ne l’interdit. Faire la leçon à un licencié en théologie, comme l’est également le cardinal Vingt-Trois de Paris, c’est plutôt très fort de café !
Sur le plan sémantique, il est vrai que le terme grec diaconos a la double valeur : diacre ou diaconesse. Le latin a adopté sans changement le terme grec en le latinisant : diaconus; puis il a forgé un autre nom : diacon. L’un et l’autre désignent le diacre (sans la dame). Le français n’apprécie pas ce suffixe quelque peu dévalorisant. Après apocope, il propose : “diak”, mais la prononciation déplaît, et pour l’euphonie, on ajoute un r épenthétique, tout comme on trouve le d épenthétique dans “André” et dans le suffixe ou le préfixe “andre”.
Que la dame têtue se console : les femmes, dans les églises, n’ont pas toujours un rôle subalterne; elles sont assez nombreuses à avoir le grade de docteur en théologie ou à être licenciée en théologie. L’une d’elles enseigne même la théologie … aux futurs prêtres ! Et lors d’une conférence de carême à la cathédrale de Paris, il n’est pas rare d’entendre une dame et de la voir tenir fermement le micro devant une assemblée médusée. Que la dame enquête auprès des universités catholiques, à Paris, à Strasbourg, à lyon, à Angers, etc. : elle saura que les femmes sont nombreuses à s’asseoir sur les bancs ou à dispenser l’enseignement du haut de la chaire ! A La Réunion, on traîne des pieds; et pourtant rien n’interdit de suivre des cours par correspondance !
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